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« Don’t Look Up » : une véritable satire de notre société sur fond de catastrophe écologique

Chroniques

Alors que l’industrie cinématographique est en profonde mutation, « Don’t Look Up : déni cosmique » réalise un carton d’audience sur Netflix. Une satire de notre société sous forme de métaphore de la crise du réchauffement climatique qui pousse à la réflexion.

L’industrie cinématographique, au sens large, est en profonde mutation. D’une part, les grands studios ancestraux rechignent à prendre des risques, se contentant trop souvent de produire des suites à des succès existants, des blockbusters pétaradants ou des films de super-héros, déclinant ces franchises à l’infini. D’autre part, l’émergence de plateformes ultra puissantes comme Netflix, OCS, Disney+ ou Prime Vidéo (Amazon) a rebattu les cartes. Fini le désormais traditionnel canevas : sortie en salle, sortie en VOD, diffusion à la TV. Parfois, certaines productions sortent simultanément en VOD et sur grand écran. Pour d’autres œuvres, elles sont directement produites par les géants que sont Netflix et ses concurrents pour être disponibles sur leurs plateformes sans passer par la case cinéma.

Ces dernières années, ces nouveauxleaders de l’industrie du divertissement audio-visuel ont produit à tour de bras des séries mais aussi des films avec des castings de rêves et des budgets faramineux, récoltant au passage de nombreuses récompenses dans les traditionnels galas de la corporation.

Cette nouvelle ligne directrice s’est encore accélérée depuis l’apparition du Covid19 qui a entraîné la fermeture des salles obscures pendant de nombreux mois et contribué à encore davantage modifier les habitudes de consommation de la population.

Récemment, Netflix sortait « Don’t Look Up : déni cosmique », une nouvelle production ambitieuse portée par Leonardo Di Caprio et Jennifer Lawrence avec une distribution tout simplement incroyable : Meryl Streep, Cate Blanchett, Jonah Hill, Timothée Chalamet, Ariana Grande, Kid Cudi ou encore Chris Evans et Tomer Sisley, excusez du peu !

Le pitch ? Une comète de près de dix kilomètres de long fonce droit sur la terre, promettant l’anéantissement de celle-ci et de toute forme de vie terrestre. Mais les scientifiques qui l’ont découverte vont se heurter à l’inaction du gouvernement et à l’incrédulité – ou à la volonté de faire la sourde oreille – de la population, rendant la situation aussi ubuesque que catastrophique mais également tristement drolatique.  

Production de 75 millions de dollars, « Don’t Look Up : déni cosmique » a rencontré immédiatement un succès colossal. Avec plus de 320 millions d’heure de streaming quinze jours après sa sortie, il est déjà le deuxième film le plus vu de la (courte) histoire de Netflix, juste derrière « Red Notice « ! Un plébiscite qui donne foi en l’avenir.

En effet, sur fond de « film catastrophe », ce long-métrage d’Adam McKay, à qui l’on doit déjà « Vice » ou « The Big Short : le casse du siècle », est une formidable satire de notre monde et de ses travers. Cette comédie, n’hésitant pas à verser dans la parodie et la caricature, est une métaphore assumée de la crise du réchauffement climatique donnant à voir les travers de notre époque : désinformation, culte de la célébrité et de l’instantanéité, cupidité, incompétence de nos dirigeants, trafic d’influence au plus haut niveau de l’état, démagogie des politiques, volonté permanente de créer du buzz. Si les préoccupations climatiques sont au centre de ce film, la critique grinçante qu’il fait de notre société contemporaine ne peut qu’interpeller tout un chacun, notamment au travers d’une galerie de personnages qui ne sont pas sans rappeler des personnalités existantes ou un mix de plusieurs d’entre elles.

Si l’humour est bien présent dans ce film, il est presque libérateur tant certaines situations sont grotesques mais, hélas, terriblement proches de ce que nous pouvons constater jour après jour dans ce grand barnum qu’est notre planète terre en 2022. Une œuvre qui ne peut que nous inciter à une profonde réflexion sur les valeurs qui dirigent nos existences et sur la futilité de celles-ci. Un « déni cosmique » qui invite à se confronter à nos propres contradictions. Mission réussie ?

Thiebaut Colot

Crédit photo : Neflix

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