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« La fin d’une profession… et des vies qui vont avec ! »

À la une Économie

Comme tous les ménages, les commerces souffrent considérablement de la hausse spectaculaire et insensée du coût de l’énergie. Au point de devoir malheureusement stopper leurs activités et mettre la clé sous le paillasson.

Nombreux sont les particuliers à être déjà étranglés par la hausse du coût de l’énergie alors que l’hiver – et avec lui une logique consommation accrue du gaz de chauffage ou de l’électricité – n’est pas encore là. Les commerces et petits indépendants sont aussi considérablement impactés – en plus de la flambée des prix des matières premières – et se retrouvent parfois dans des situations désepérées.

Alors que notre gouvernement a enfin voté des mesures – qui semble malheureusement insuffisantes pour de nombreux observateurs – pour tous, certains artisans et commerçants crient leur desespoir face à une situation devenue au mieux problématique, au pire insoluble. Sur les réseaux sociaux, les témoignages affluent et ne peuvent qu’interpeller et attrister n’importe lequel d’entre nous.

Le 25 septembre, la boulangerie Dumont, à Vencimont, arrêtait ses activités et s’en expliquait sur les réseaux sociaux. « Comme déjà quelques collègues avant nous, il est temps, à notre tour, de remercier notre gouvernement pour son inaction et son indifférence, il est temps de vous remercier, vous, pour votre fidélité, et il est temps, enfin, de tirer notre révérence. Si le monde politique ne pose pas de limites et ne prend pas de décisions à la hauteur du cataclysme dans lequel nous nous trouvons, vous n’aurez bientôt plus aucune boulangerie ouverte en Belgique », assurent les propriétaires avant de fournir une explication détaillée. « Début 2021, nous payions 1342€/mois pour notre consommation d’électricité. Eh oui, une boulangerie ça consomme : au quotidien, c’est entre 14h et 17h d’utilisation du four et des machines, 24h/24 de chambre froide, 20h de lumières allumées,… Début 2022, nous étions passés à 1860euros/mois. 500 euros d’augmentation, donc, couplée à l’augmentation des matières premières (farine, beurre,…), vous vous en souvenez, cela avait engendré une augmentation de 0,20 € de votre pain. Et puis, arrive ce mois de septembre 2022 et ce jour où j’ai la bonne idée, sentant le vent tourner, d’aller sur l’application de notre fournisseur d’électricité (je vous conseille à tous d’en faire autant et de ne pas attendre aveuglément qu’arrive votre facture de régularisation à la maison !)… ce jour où nous découvrons avec stupeur, la gorge serrée et la peur au ventre, une facture de régularisation estimée à 46 000 euros et une réadaptation de nos acomptes mensuels fixée à 11 836 euros. Oui, oui, nous parlons bien de +500% de notre facture MENSUELLE d’électricité (inutile de chercher la petite bête, oui, c’est bien pour la même consommation, non, il n’y a pas d’erreur, oui les fournisseurs d’électricité et le gouvernement s’en foutent plein les poches au passage, oui l’Ukraine a bon dos, oui, la classe moyenne et les petits indépendants vont crever !). Si nous appliquons la même hausse à nos pains, votre carré blanc devrait être vendu 16,80€ pour permettre notre survie. C’est une aberration ! Ce n’est pas une « augmentation »… c’est un assassinat ! La fin d’une profession… et des vies qui vont avec ! » Et de conclure avec désarroi. « Chers clients, c’est donc le coeur lourd et la main tremblante que nous écrivons ces quelques lignes. La hausse, honteuse, du coût de l’électricité et l’inaction de notre gouvernement nous faisant passer d’une facture mensuelle de 1860 à 11 836 euros, nous sommes dans l’impossibilité de continuer à fonctionner. Ce dimanche 25 septembre marque donc le dernier jour d’activité de notre boulangerie. Nous vous accueillerons de 8h à 12h puis, fermerons nos portes. Nous n’aurions jamais pensé vivre, un jour, pareil événement… »

Un message qui interpelle, forcément, et qui reflète un sentiment généralisé d’impuissance – corroborré sur la page de la boulangerie Dumont par de nombreuses autres boulangeries contraintes de mettre la clé sous le paillasson – alors que les températures commencent à baisser et que beaucoup de ménages ou de petits indépendants, déjà mis à rude épreuve par la crise Covid, ne sont pas bien loin de basculer dans la précarité. Triste époque…

Thiebaut Colot

Crédit photo : Boulangerie Dumont

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