Le dix mars prochain aura lieu la nonante-sixième cérémonie des Oscars. Jessica Matthys, qui participera pour l’occasion à une émission spéciale diffusée sur Pickx+, revient sur une année riche et stimulante pour le septième art.
Le dimanche 10 mars, le théâtre Dolby à Hollywood sera le centre du monde, ou presque, pour la nonante-sixième cérémonie des Oscars, la plus prestigieuse compétition du cinéma mondial. Le tapis rouge verra les plus grandes stars du grand – et aussi du petit – écran défiler pour une soirée qui marquera, comme de coutume, les esprits. Discours enthousiastes, blagues diverses et même interludes musicaux seront au programme. « Ryan Gosling interprétera sa chanson ‘I’m just Ken’ issue du film Barbie », annonce Jessica Matthys. La Bruxelloise sera sur le plateau de Pickx+ avec l’actrice Déborah François, l’humoriste Akim Omiri et le journaliste Frédéric Seront pour une émission spéciale Oscars présentée par Sandy Heribert et Patrick Ridremont. « Ce sera le rendez-vous des cinéphiles insomniaques même si je suis persuadée que ce programme peut intéresser tout le monde car à la date de la remise des prix, la plupart des gens ont pu déjà voir les principaux films en compétition », dévoile cette passionnée. Le grand raout du cinéma hollywoodien et mondial sera ainsi retransmis en direct et commenté par la joyeuse bande rassemblée pour l’occasion. « Nous pourrons débriefer en live le choix des votants mais aussi donner des chiffres, dévoiler des infos croustillantes, rappeler les scandales, aborder certaines thématiques afin que les téléspectateurs ne soient pas « seuls ». Il y aura aussi des chroniques, des magnétos et nous ne serons pas sérieux tout le temps (rires). Ce sera un peu Hollywood qui rencontrera la petite Belgique. »
Le cinéma, Jessica à ça dans le sang. « J’ai grandi dans une famille qui aimait le cinéma et y aller. Nous louions aussi souvent des films et nous avions un projecteur grand écran à la maison sur lequel mon papa passait ses classiques », se rappelle-t-elle. « Mais c’est vraiment vers l’âge de dix-sept ans que je m’y suis intéressée davantage, en achetant des bouquins qui traitaient de ce sujet et en m’informant sur la manière dont on fabrique un long-métrage. »
Une passion qui ne l’a plus quittée depuis, Jessica devenant journaliste culture et spécialiste du septième art. Elle est même plusieurs fois passée derrière et devant la caméra pour des capsules humoristiques, pour BX1 et la RTBF, avec à chaque fois, les films et le monde du cinéma comme sujets principaux. « Cela m’a permis de savoir qu’acteur est un métier difficile que je n’aurais pas pu faire », reconnait celle qui fut marquée par le cultissime Eternal Sunshine of the Spotless Mind. « Ce film a un côté très créatif et original ainsi qu’un scénario émouvant avec un twist final. Cela m’a montré ce qu’était le cinéma, que cela pouvait nous retourner le cerveau et qu’un film, c’est une expérience. » Et d’ajouter : « Quand j’ai vu Babel au cinéma, ce fut aussi un gros choc. »
Cinéphile jusqu’au bout des ongles, Jessica a grandi avec les films de Spielberg et Titanic mais n’est pas sectaire, loin de là. Cette sympathique trentenaire apprécie différents genres – les films d’auteur, ceux d’animation, les films d’horreur, les films policiers. « A une époque, je regardais beaucoup de films en costumes. Et je vais toujours voir les biopics qui sortent au ciné, même si c’est un genre souvent casse-gueule », dévoile celle qui aime aussi beaucoup la science-fiction. « Matrix fut une grosse claque. Et j’ai découvert Tarantino avec Kill Bill, à l’adolescence. Je trouvais ça génial que le premier rôle soit une femme ultra badass. Il y a aussi certains films des années 90 que je revois comme des madeleines de Proust, notamment les comédies romantiques avec Julia Roberts et Meg Ryan. »
Depuis que Jessica s’est prise de passion pour le septième art, celui-ci a fortement évolué, en lien avec l’émergence des plateformes de streaming, l’impact des séries, la porosité entre le petit et le grand écran et les habitudes de consommation des spectateurs. « C’est indéniable que le cinéma traverse une sorte de crise », constate notre interlocutrice. « Mais le changement n’est pas forcément négatif. L’industrie semble avoir atteint une sorte de plafond de verre et doit se réinventer tandis qu’un nouveau modèle économique doit être imaginé. Cette mutation peut-être une bonne chose et je reste convaincue que les gens continueront de fréquenter les salles obscures. »
La Belgique ne sera pas représentée aux Oscars. Pourtant, les productions et artistes de notre plat pays se distinguent régulièrement. « J’observe le cinéma belge d’un œil et constate qu’il évolue positivement avec un nouveau cinéma qui émerge, de nouveaux talents qui s’épanouissent et une nouvelle génération qui s’exprime », se réjouit Jessica. « Nous avons très bien su nous renouveler avec des séries de qualité et cinéma belge ne rime plus forcément avec film social, même si l’œuvre des frères Dardenne est remarquable. Le cinéma belge a une ‘patte’, un ton orignal même si un sillon reste à creuser dans le domaine des comédies. »
Parmi les nommés aux Oscars, cette année peut-être encore plus que lors des éditions précédentes, il y a du lourd avec notamment les deux locomotives que sont Oppeinhemer et Barbie. « Il n’y a pas de grosses surprises », concède Jessica. « L’Oscar du meilleur film devrait revenir à un de ces deux mastodontes qui ont cartonné en salle même si Anatomie d’une chute est remarquable. Je m’attendais à un film de procès mais il s’avère bien plus riche en thématiques. Justine Triet nous emmène là où on ne s’y attendait pas grâce à un excellent scénario et à une super mise en scène. The Zone of Interest n’a pas encore remporté grand-chose mais est intéressant et conceptuel. »
Barbie et Oppenheimer, deux blockbusters qui ont cartonné au box-office. « Pour le premier, c’est une très bonne nouvelle qu’un long métrage qui part sur un concept financé par Marvel, véritable bombe marketing, ait si bien marché car derrière ce côté grosse production, il y a eu une vraie proposition. Le terme ‘patriarcat’ y est prononcé quatorze fois, certaines scènes se moquent ouvertement de la masculinité et de la virilité, l’histoire évoque ouvertement le féminisme. C’est positivement surprenant et c’est symbolique qu’un film porté par des femmes ait rencontré un tel succès », analyse Jessica. « Oppenheimer était une expérience incroyable sur grand écran grâce notamment au son et à la réalisation. Il mérite amplement les prix déjà raflés et est bien parti pour les Oscars. Pour un sujet aussi pointu, qui pose des questions existentielles, c’est remarquable d’avoir su fédérer aussi fort. Ce film est peut-être un peu trop dense et trop long mais demeure incroyable et porté par des acteurs exceptionnels. »
Qui remportera la statuette de Meilleure réalisation ? « A l’ère post #Metoo, c’est sans doute dommage que Greta Gerwig ne soit pas nommée car elle a accompli un formidable boulot pour Barbie. L’académie des Oscars voudra-t-elle mettre les femmes en avant en récompensant Justine Triet ou bien Nolan sera-t-il plébiscité ? Yorgos Lanthimos pourrait peut-être créer la surprise car Poor Things, sorti juste un mois avant les cérémonies, s’avère un excellent film », s’interroge Jessica.
Les deux autres prix les plus convoités sont celui de Meilleure actrice et de Meilleur acteur. « J’adore Carey Mulligan mais je ne crois pas qu’elle sera récompensée. Emma Stone pourrait être sacrée pour sa performance assez dingue dans Poor Things où elle a dû créer de toutes pièces un personnage. Ce serait une consécration encore plus justifiée que lorsqu’elle fut honorée pour La La Land », souligne cette spécialiste avisée. « Chez les hommes, Cillian Murphy a déjà méritoirement remporté certains prix. Bradley Cooper est bien mais pas transcendant dans Maestro. Jeffrey Wright a ses chances car American Fiction est une bonne surprise. Mais j’avoue une préférence pour Paul Giamatti dans Winter Break. Rien que pour l’ensemble de sa carrière, où il fut peut-être trop souvent cantonné à des seconds rôles, il le mérite. »
Comme Jessica, chacun ira de ses pronostics et de ses arguments. Pour ne rien rater de cette soirée haute en couleurs, rendez-vous sur Pickx+ le 10 mars à partir de 23 heures. L’émission sera rediffusée le lendemain à 19h20 et le 16 mars à 13h30.
Pour suivre les Oscars en live et l’émission spéciale sur Pickx+ : Suivez la cérémonie des Oscars en direct et en exclusivité la nuit du 10 au 11 mars sur Pickx+ ! | Espace presse Pickx+
Thiebaut Colot
Crédits photos : Jean-Charles Clajot