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« Il y a urgence »

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Nicolas Meyrieux sera sur la scène du chapiteau rouge de Rêve Général ce vendredi 19 avril avec son one-man show « On sait pas ». Portrait d’un écolo convaincu et convaincant.

Il existe une multitude de raisons pour lesquelles des femmes et des hommes se lancent dans l’humour. « Moi, j’ai choisi l’humour car je n’ai pas eu une enfance facile. J’ai pu constater que cela me permettait d’aller mieux dans ma vie, de recevoir l’amour que je n’avais pas reçu, que cela me faisait du bien », confie Nicolas Meyrieux.

Au fil des années, son humour évolue, certains le qualifiant d’humoriste conscient. « Au départ, je cherchais à rire pour faire rire », reconnait-il. « Avec le temps et à force de me renseigner sur ce monde qui se dégrade et sur l’humanité qui court à sa perte, j’ai eu conscience de vouloir dire quelque chose aux gens et s’est alors posée la question de comment faire rire les gens avec cela. C’est ça, aujourd’hui, mon processus créatif. »

En travaillant pour France Info pendant six ans, en réalisant chaque semaine des vidéos vulgarisant différents sujets, à force de recherches, la sensibilité de ce trentenaire évolue, devenant par la force des choses, militant écologique. « Je suis devenu écolo malgré moi », rigole-t-il. Autant dans ces spectacles que sur sa chaîne YouTube ou dans les films qu’il réalise, Nicolas fait, depuis dix ans, de la « pédagogie environnementale. « J’étais un enfant indiscipliné, les seuls cours que j’appréciais étaient ceux où les profs étaient marrants. Comme les gens ont la flemme de lire les rapports du GIEC, j’ai décidé d’en faire des blagues », continue-t-il. « On ne peut pas en vouloir aux gens qui ne savent pas, c’est pourquoi je tente de rendre accessible au plus grand nombre ces informations et problématiques essentielles. L’objectif est que chacun puisse ouvrir les yeux sur la situation et se poser des questions. Et bien souvent, si les gens savent, ils finissent par se bouger. Par exemple, ma maman est même devenue plus écolo que moi alors qu’elle partait de loin (rires). »

« On sait pas » est le quatrième spectacle de l’humoriste français traitant d’écologie. « Le titre, c’est la question que je pose au début de la représentation. Qui pense vivre l’extinction de l’humanité à la fin de ce siècle. On ne peut pas savoir. On sait simplement qu’il y a des solutions qui existent et que des gens font de la merde », assure cet « écolo convaincu et convaincant » qui est ouvertement cash. « C’est tout le principe. Ce spectacle balance des grosses claques et secoue le public car il y a urgence. Nous n’avons plus le temps d’attendre, il faut déjà avoir opéré des changements drastiques avant 2030. » Et d’ajouter : « Avant, je déprimais en annonçant ça, maintenant je le dis avec le sourire. »

En adéquation avec ses valeurs, Nicolas, avec un associé, s’est lancé dans un projet de ferme dans les landes. En cours d’installation, celle-ci fera du maraîchage, aura des poules ainsi qu’un jardin-forêt où seront plantées plusieurs strates de végétaux comestibles. « C’est beau de dénoncer, c’est encore mieux d’agir », argue-t-il avant d’enchaîner sur l’agriculture qui sera le thème central de son prochain spectacle. « C’est l’agriculture qui relie tout, j’en suis intiment persuadé et c’est le fruit de dix ans de réflexion. C’est elle qui relie le monde, c’est le socle d’une belle société. Si on nourrit bien les gens, on résout tous les problèmes. »

L’année dernière, Nicolas a d’ailleurs réalisé un tour de France au mois de juin jouant chaque soir et gratuitement son spectacle dans une ferme différente. Il en a profité pour filmer chaque lieu où il s’est arrêté, proposant depuis chaque mercredi une vidéo sur les vingt-cinq modèles agricoles différents. « Il faut savoir que désormais, 90% de nos sols sont sous perfusion, ce qui pourrait conduire à des famines », dénonce-t-il. « J’espère aussi donner envie aux gens de se lancer dans ce métier d’agriculteur trop souvent déserté. »

Ce vendredi 19 avril, Nicolas sera sur la scène du grand chapiteau du Festival Rêve Général, dans le cadre de « Nourrir Liège » pour y jouer « On sait pas »« L’art est une projection du futur. Les artistes ont la chance de ne pas devoir bosser 38 heures par semaine, cela leur offre des heures de cerveau disponible, davantage de temps, pour réfléchir, se poser des questions et traduire cela sous la forme qu’ils maitrisent le mieux », analyse-t-il. « Les artistes sont en avance sur leur temps. D’ailleurs, les sujets développés dans mes précédents spectacles sont désormais devenus mainstream. »

Sur scène comme dans la vie, Nicolas insiste : « Il y a urgence ». Un état des lieux qui n’incite pas à l’optimisme pourtant l’humoriste croit en la possibilité d’un avenir meilleur, citant, pour conclure, Molière : « On désespère alors qu’au fond, on espère toujours. »

Plus d’infos sur Rêve Général : RÊVE GÉNÉRAL (revegeneral.be)

La chaine YouTube de Nicolas Meyrieux : EN ATTENDANT QUE LE MONDE S’EFFONDRE (youtube.com)

L’Instagram de Nicolas Meyrieux : https://www.instagram.com/nicolasmeyrieux/

Thiebaut Colot

Crédits photos : DR

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