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Kean : une pièce à ne pas manquer, au Théâtre Royal des Galeries jusqu’au 25 mai.
C’est une pièce qui mérite d’être vue : Kean, d’Alexandre Dumas et Jean Paul-Sartre, mise en scène par Alain Leempoel. Une pièce qui n’avait d’ailleurs encore jamais été jouée au Théâtre Royal des Galeries. Cette oeuvre magistrale se déroulant à Londres au début du dix-neuvième siècle dévoile Kean, un célèbre acteur britannique aimé par deux femmes : la Comtesse Éléna, épouse d’un ambassadeur, et Anna Damby, jeune héritière issue de la bourgeoise british. Kean, ami du Prince de Galles est l’archétype de l’artiste à qui l’on pardonne tout, du bad boy cultivé : excessif, coureur de jupons, ivrogne et endetté jusqu’au cou.
Insolent, méprisant mais aussi généreux, Kean est-il lui-même ou le miroir des personnages shakespeariens qu’il incarne au théâtre. Ceux-ci dévorent-ils sa personnalité alors qu’un soir le comédien explose sur scène face à son public. « Dumas peint un génie des planches, un redresseur de torts, ivrogne impénitent, amoureux empanaché. Kean est avant tout l’homme des défis et des désillusions », souligne-t-on du côté du Théâtre Royal des Galeries. « La pièce offre une réflexion sur la place du créateur dans la société. Dumas scrute avec humour et profondeur le conflit entre l’Art et la Vie. »
« D’où naissent les légendes ? D’où vient qu’elles nous soient si nécessaires ? Qui est donc Kean ? Dans quel monde vivait-il ? Peut-il exister sans jouer la comédie ? Est-il aussi détaché qu’il le dit du pouvoir politique et de la critique ? » s’interroge Alain Leempoel qui a brillamment mis cette pièce en scène. « Comment vivre dans un monde qui nous apparaît révoltant parce qu’injuste, conformiste, ignorant et sans curiosité, corrompu et sans autre grandeur que celle dont les puissants rêvent pour eux-mêmes ? Comment se battre seul face à ces forces ? Avec son art pour révolte ? «
Sur la scène du magnifique Théâtre Royal des Galeries, nichés au coeur des mythiques Galeries Saint-Hubert, Daniel Hanssens, Laurence D’Amelio, Marc De Roy, Michel Hinderyckx, David Leclercq Virgile Magniette, Christel Pedrinelli, Pierre Poucet, Dominique Rongvaux, Shérine Seyad, Robon Van dyck et Jean-Michel Vovk profitent des décors et de la scénographie imaginé par Lionel Lesire, fruit d’une réflexion partagée avec Alain Leempoel. « La pièce suit les trois unités classiques du théâtre – temps, lieu et action – et se déroule essentiellement dans la loge de Kean, avec une brève incursion dans un bar. Ce cadre unique est conçu pour que tout ce dont l’action a besoin soit déjà présent sur scène : certains éléments du décor, notamment les livres, pivotent et se transforment en accessoires, rendant chaque changement de lieu organique et fluide », détaille Lionel Lesire. « Cette simplicité renforce le théâtre dans le théâtre, qui, plus qu’un élément scénographique, est avant tout porté par Kean lui-même. Il est le centre de cette mise en abyme, incarnant ses propres angoisses, illusions et vérités, si bien que la scénographie n’a pas besoin d’en rajouter : elle épouse son univers intérieur sans l’alourdir. »
Une formidable pièce à découvrir jusqu’au 25 mai au Théâtre Royal des Galeries, à Bruxelles et à coupler, par exemple, avec un passage au Bar Magritte de l’Amigo pour y savourer un original cocktail imaginé autour de l’univers du célèbre peintre belge ou un plus classique mais néanmoins très réussi martini.
Infos et réservations : Théâtre des Galeries – Kean
Thiebaut Colot
Crédit photo : Isabelle De Beir