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« Une fierté d’être la septième compagnie aérienne belge »

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#Liégeois / Liégeois Magazine vous embarque à bord du Diamond DA62 pour y découvrir FlyEurop et son fondateur Stéphan Maertens.

Stéphan Maertens est Liégeois et fier de l’être. « Liège a beaucoup souffert des travaux du tram qui ont entraîné une désertion du centre-ville, notamment de nombreux commerces », observe celui qui vit en plein cœur de la Cité ardente. « Pourtant, je suis convaincu que Liège va revivre. J’ai beaucoup d’espoir avec l’arrivée du tram et j’espère la réouverture de magasins. » Et d’ajouter : « Liège s’embellit, notamment grâce aux travaux qui ont été menés pour l’implantation du tram, et possède des endroits magnifiques, comme la place de l’Opéra. »

En bon Liégeois, ce dynamique sexagénaire est aussi un passionné, toujours prêt à relever d’audacieux défis. Après avoir remis ses affaires, il décide, à soixante ans, de retourner sur les bancs de l’école pour y suivre des cours de pilotage et obtient, un an plus tard, son brevet de pilote. « A vingt ans, j’avais refoulé cette envie de devenir pilote », confie celui qui est alors étonné du prix de location des petits coucous sur lesquels il fait ses armes par rapport aux tarifs pratiqués pour l’utilisation de jets privés. « Je me suis alors demandé s’il n’existait pas un autre créneau entre les petits avions à faible rayon d’action et les jets de luxe », se souvient-il.

Ni une, ni deux, une étude de marché est lancée, à Liège, Bruxelles et au Luxembourg – là où Stéphan a travaillé la majorité de sa carrière – et celle-ci démontre la justesse de son impression. Entrepreneur dans l’âme, il repousse sa retraite, établit un business plan et fonde, en 2019, FlyEurop. « Je me suis associé avec des amis pour créer cette compagnie aérienne belge et liégeoise », précise-t-il. « La bonne surprise fut que Belfius a accepté de financer à 90% notre premier avion. »

Et pas n’importe quel avion : le Diamond DA62. « Celui-ci répondait aux principaux critères que j’avais fixés », assure Stéphan particulièrement satisfait de ce bimoteur autrichien approuvé en 2017, volant à 320 kilomètres par heure en vitesse de croisière, exceptionnellement silencieux et qui ne consomme que 12,5 litres de kérosène pour 100 kilomètres. « C’est une très faible consommation pour de l’aviation, cela correspond à dix fois moins qu’un jet privé. » De sensibles économies de carburant qui se reflètent sur le coût des voyages et qui, surtout, offrent une dimension éco-responsable assumée à FlyEurop. « Les personnes particulièrement sensibles à l’écologie peuvent ainsi déculpabiliser car la consommation de notre avion équivaut à celle d’une grosse camionnette ou d’un mobile home », souligne Stéphan.

Le Diamond DA62 peut accueillir six personnes, en plus du pilote et possède une autonomie de 2400 kilomètres. Mais FlyEurop limite généralement les trajets à 1200 kilomètres pour des questions de confort. En effet, à bord de cette avion particulièrement écologique, pas de colonne centrale, d’hôtesse de l’air ou encore de sanitaires. « Tous les sièges sont équipés d’une prise USB pour ceux qui souhaiteraient travailler mais la plupart du temps ils profitent du voyage », remarque Stéphan. En effet, opter pour FlyEurop c’est découvrir une autre manière de voler, l’avion évoluant sous les nuages et les pilotes étant formés à attirer l’attention des voyageurs sur les paysages et villes survolés. « Notre avion peut atterrir sur un terrain en herbe, ce qui signifie qu’il est possible de rejoindre 1200 aérodromes en Europe ! Et ainsi de se rapprocher au maximum de la destination souhaitée. » Sans oublier le gain de temps colossal puisque le patron l’assure : entre le moment où les clients quittent leur voiture et celui où a lieu le décollage, il ne se passe pas plus de vingt minutes ! Une multitude d’avantages pour un coût deux à trois fois inférieur à celui d’un jet privé : 1100 euros par heure, ce qui revient à 220 euros pour cinq passagers.

Si la crise du Covid a considérablement retardé le développement de FlyEurop, la société a obtenu en mars 2024 sa licence d’exploitation commerciale. « Nous sommes ainsi devenus la septième compagnie aérienne belge, ce qui est une fierté », sourit Stéphan avant de dresser un premier bilan de cette aventure en haute altitude. « Il faut reconnaitre que le démarrage fut lent et que nous ne sommes pas encore à l’équilibre financier. Nous visons celui-ci pour la fin de l’année 2026. »

En 2024, FlyEurop a assuré 150 heures de vol. La compagnie liégeoise, qui emploie un pilote à temps plein et deux autres en freelance et supporte déjà les différents postes obligatoires dans le cadre de cette activité, vise les 250 heures de vol en 2025 et les 350 en 2026 avec l’ambition de tripler sa flotte. « Il est indispensable pour nous de posséder au moins trois avions », analyse Stéphan qui veut que son avion soit « la limousine du ciel ».

Actuellement, la clientèle est composée à 60-70% d’hommes d’affaires, mais aussi de sportifs – principalement dans les domaines du golf et de l’automobile – et de couples qui veulent marquer le coup lors d’un voyage inédit en amoureux. Les destinations ne manquent pas : La Rochelle, Le Touquet le nord de l’Italie, le Sud de la France avec Nice, Cannes, Saint-Tropez ou encore Avignon mais aussi des villes plus à l’Est comme Prague et Berlin. « Nous nous adaptons aux envies et besoins de nos clients et proposons des voyages sur mesure », spécifie Stéphan qui a notamment vu un client louer ses services pour faire le tour de la France pendant cinq jours.

FlyEurop propose également une offre cargo rapide et efficace grâce à des caisses de maximum 30 kilos qui sont attachées à l’avion. Ce sont parfois des œuvres d’art qui sont ainsi transportées en toute sécurité ou alors une intervention urgente qui est sollicitée, comme lorsque FlyEurop a rapidement dû transporter une pièce de 30 kilos en Ecosse où un bateau était en panne. « Nous avions été accueillis comme des rois », se souvient ce véritable passionné qui se félicite également du soutien reçu au Droneport de Saint-Trond.

Une jolie aventure aérienne que Stéphan souhaite inscrire dans la durée. « C’est une fierté d’avoir créé cette compagnie et j’aspire à ce qu’elle puisse continuer son développement. Je me donne encore deux ans ou deux ans et demi pour pérenniser FlyEurop avant de passer le relais », conclut cet audacieux entrepreneur qui fait flotter haut dans le ciel les couleurs de notre Cité terriblement ardente.

Plus d’infos : accueil – FlyEurop

Thiebaut Colot

Crédits photos : FlyEurop

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