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« Nous avons tous en nous une sorte de poésie géographique »

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#Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène dans une errance ferroviaire en compagnie de Joël Schuermans, infatiguable écrivain voyageur.

Rencontrer Joël Schuermans, c’est tomber nez à nez avec un personnage de roman, un aventurier des temps modernes, un philosophe de l’errance. Si ce Liégeois de souche a grandi à Herstal et a vécu quelques temps a Liège, il a très vite fait du monde son terrain de jeu. « Liège demeure ma ville, j’y reste attaché, notamment pour la tolérance qui y règne », assure-t-il.

Insaisissable, Joël a vécu mille vies et épousé diverses professions – bûcheron, berger, couturier – après être entré à l’Académie militaire à seize ans et avoir passé une dizaine d’années comme commando parachutiste dans l’armée belge. « Par la force des choses, j’ai beaucoup voyagé grâce à ce premier métier. J’y profitais d’une instabilité constante que j’ai toujours entretenue », explique celui qui, diplômé en sciences médicales, collabore à de nombreuses missions des Nations Unies partout sur le globe. Consultant réputé, conférencier apprécié, Joël est aussi un auteur prolifique. Mille vies, nous disions-vous ! « Pour chaque choix que l’on pose, il faut se rappeler pourquoi on l’a fait. Il faut être en adéquation avec ses choix de vie avec la volonté d’être aux commandes de notre propre existence », ajoute-t-il.

Un parcours singulier, atypique, qui nourrit la réflexion permanente de cet homme toujours en mouvement mais jamais pressé. C’est d’abord la lecture qui lui ouvre le champs des possibles. « Si on ne lit pas, on vit sa vie. Si on lit, on vit 5000 vies », analyse-t-il. L’écriture vient plus tard mais se révèle rapidement essentielle. « Ecrire, c’est en quelque sorte un exercice aux antipodes des standards de notre époque où l’instantanéité est la norme. C’est une activité solitaire qui s’inscrit dans le temps long et qui permet de pousser la réflexion, de léguer. L’acte d’écrire manuellement est une manière d’achever une pensée », poursuit celui pour qui la notion de liberté est centrale.

A l’instar de Jospeh Kessel ou Sylvain Tesson, l’inclassable Joël Schuermans peut, parfois, être rangé dans la catégorie des écrivains voyageurs tant sa série Errances Ferroviaires le classe parmi cette illustre caste où le trajet importe davantage que la destination. « L’errance, c’est un voyage sans but qui contribue, notamment, à se réapproprier le temps à une époque où le rapport à celui-ci peut être frénétique et hystérique dans le monde du travail », précise cet auteur passionnant. « Cela peut aussi servir de prétexte pour faire le point sur notre condition, pour se transcender. »

Pour parcourir ces milliers de kilomètres, ce Liégeois a opté pour le train. « C’est en monde en lui-même, surtout les trains internationaux dans lesquels on peut manger, boire, jouer aux cartes, dormir et lier des relations », développe celui qui entreprend ces longs périples seuls, enchainant les trains qui l’emmènent vers sa destination finale. « Pas de TGV, pas de réservation. Les gares font aussi partie du voyage et sont des lieux qui favorisent les rencontres. »

Après Varsovie et Sarajevo et avant Belfast, c’est vers Syracuse que s’en est allé Joël. « Nous avons tous en nous une sorte de poésie géographique », dévoile celui qui puise ses destinations dans sa poésie intime. « J’ai un amour infini pour l’Italie, un pays où j’aimerais m’installer si je décidais un jour de me poser. Ici, je vois ce que l’on a plus et en Italie c’est le phénomène inverse, j’observe ce qu’on possède encore : l’amour de la famille, du terroir, des traditions, du folklore. »

Livre lumineux, véritable ode à cette Italie qu’il chérit, Vers Syracuse rappelle que la beauté est partout. « Mes voyages m’ont confirmé qu’il y a d’autres modèles de société que le nôtre qui fonctionnent, qu’il est nécessaire de tendre vers une totale adéquation entre nos valeurs et notre style de vie et que nous avons la liberté de pouvoir nous réinventer autant de fois que nous le souhaitons », confie Joël dont le quatrième opus, Vers Belfast, est consacré à la complexe ville irlandaise. Une balade sur des terres de légendes, de tragédies aussi en compagnie de quelques grandes figures littéraires qui confirme le talent protéiforme de cet humaniste convaincu.

Thiebaut Colot

Plus d’informations : Médic pour missions & expés, aventurier, auteur – Joël Schuermans

Crédits photo et visuel : DR

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