Quentin Noirfalisse, parrain engagé de la huitième édition du Mois du Doc.
C’est un peu par hasard que Quentin Noirfalisse s’est tourné vers le documentaire. « À la base, j’ai une formation de journaliste », rappelle-t-il. « À la fin de mes études à l’IHECS, pour notre mémoire médiatique, nous avions dû réaliser un reportage de 26 minutes en Inde. »
Après avoir exploré le webdoc, ce Verviétois part travailler au Congo quelque temps et y trouve la matière et l’inspiration pour son premier documentaire Le ministre des poubelles (sélectionné à Dok Leipzig et au Fespaco). « Cela vient de l’envie d’explorer d’autres formes de narration, de passer du temps sur un sujet, avec des personnes, dans une démarche longue », continue celui qui a fondé une société de production, Dancing Dog Productions, vient de terminer son sixième documentaire et en a produit près d’une vingtaine.
« J’aime le support du documentaire – l’image, le son, les prises de vue – ainsi que l’évolution sur un temps long. Cela offre une certaine profondeur, on dépeint la réalité en fonction de choix qu’on pense », poursuit Quentin. « Cela dépeint la situation de protagonistes et cette mise en mouvement m’intéresse. Grâce à un documentaire, on rentre en interaction avec des personnes qu’on n’aurait pas forcément rencontrées et on fait naître un vrai travail d’équipe. Les discussions que crée ensuite le documentaire sont elles aussi riches. »
Si le documentaire peut être simplement un objet cinématographique, il peut également être transformateur. « Il peut avoir un rôle extrêmement important tout en proposant une expérience cinématographique, en faisant vivre un moment particulier, en étant aussi soigné qu’une œuvre de fiction », affirme celui qui est également cofondateur de Médor. « Il peut être un outil utile au débat, il peut outiller le citoyen dans sa réflexion. Il peut parfois devenir un outil d’impact et de changements sociétaux et ainsi contribuer à améliorer la société. » Et d’ajouter : « Beaucoup de personnes en font, il existe un catalogue extrêmement riche. »
En Belgique, le documentaire se porte bien et aborde une multitude de thématiques. « On n’imagine pas à quel point ce secteur est fécond et le nombre de projets intéressants qui existent », assure Quentin, qui souligne la place réservée dans l’espace public à ce genre, notamment grâce à la RTBF et aux festivals comme Millenium, qui lui sont consacrés. « Notre documentaire Après la pluie a assez bien fonctionné dans les salles, L’Acier a coulé dans nos veines de Thierry Michel a fait 20 000 entrées, les centres culturels s’emparent assez bien des documentaires, les collectifs s’en servent pour nourrir le débat. »
Quentin a accepté d’être le parrain de la huitième édition du Mois du Doc. Du 1er au 30 novembre, grâce à plus de 180 projections et événements organisés dans 112 lieux répartis entre Bruxelles et la Wallonie, la vitalité du documentaire belge francophone sera mise en avant et célébrée. « C’est intéressant de proposer mon regard en tant que parrain tout en défendant ce métier qu’on fait », assume-t-il. « Le documentaire est souvent une expérience d’empathie. Il est utile et important dans cette société fracturée car il crée des ponts. »
Pour cette édition 2025, pas moins de 129 films – courts, moyens ou longs métrages – seront projetés, certains issus du patrimoine restauré, comme La Grande barrière de corail (1969) de Gérard Corbiau. La plupart des séances seront suivies de rencontres avec les réalisateurs et réalisatrices, renforçant la proximité entre les artistes et le public. « J’espère beaucoup de gens dans les salles, de belles rencontres avec les réalisateurs, des débats riches et enflammés », confie Quentin. « Regarder un documentaire est parfois une expérience qui bouscule, mais ce n’est jamais gratuit. »
Thiebaut Colot
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