#Liégeois — Magazine de référence pour la Province de Liège
Nous sommes le 2 Juil 2025, il est 7:34am
«

« Des températures culminant à 50° ! »

À la une Portraits Sport

En mars dernier, Jérôme Absil et Florian Badoux ont réalisé l’exploit de performer sur la Cape Epic Race en Afrique du Sud, la plus difficile au monde des courses VTT par étapes. Récit d’un exploit colossal et d’une aventure mémorable.

« J’ai toujours roulé un peu à vélo », confie Jérôme Absil. « Je roule beaucoup plus depuis que j’ai arrêté le basket. Cela fait désormais deux ans que je pratique davantage le cyclisme sur route car nos hivers étant de plus en plus longs, les forêts sont très boueuses et le vélo prend très cher, au propre comme au figuré (rires). »

En 2023, Jérôme et son pote Florian Badoux ont participé, en solo, à une course à étapes UCI en Espagne, la Costa Blanca Bike Race, en guise de préparation pour la saison de cross triathlon. L’année suivante, en duo cette fois, ils s’alignaient sur une autre épreuve UCI, toujours en Espagne, à Huelva. « Depuis que j’ai arrêté le basket, je participe chaque année à quelques courses en montagne, des voyages en ski de randonnée et des cross triathlon Xterra », précise cet architecte de formation. « En 2024, Xterra Nouvelle-Aquitaine était une édition dantesque lors de laquelle j’ai réussi à choper une qualification pour les Championnats du Monde Xterra à Molveno. C’était une super expérience. »

Voici quelques semaines, Jérôme et Florian ont décidé de placer la barre encore plus haut en participant à l’Absa Cape Epic, une compétition se déroulant en Afrique du Sud et réputée pour être la course à étapes de VTT la plus difficile au monde. « Nous avions vu passer quelques vidéos de la Cape Epic, ça nous tentait. Nous nous sommes inscrits à la loterie et Flo a été tiré au sort. Il ne restait plus qu’à convaincre nos épouses », sourit Jérôme.

Pour tenter de boucler et de performer sur cette épreuve colossale, Jérôme a pour la première fois fait appel à un préparateur physique : Joachim Libois. Dès le début du mois d’octobre, les deux comparses ont entamé une préparation intense avec du trail, de la natation, des séances de home trainer. « Cependant, je n’avais fait que trois sorties VTT avant de partir et ce fut une erreur : la position sur le vélo et les changements de rythme de pédalage m’ont grillé dès la première étape », regrette Jérôme.

Sur ces grands territoires sauvages et hostiles, les 1350 participants devaient composer avec des conditions climatiques particulièrement difficiles. « Il a fait très chaud les quatre premiers jours avec des températures culminant à 50° ! Il y a eu beaucoup d’abandons et de dégâts après la première étape », observe cet athlète passionné qui, soutenu par son coéquipier, a serré les dents et s’est senti de mieux en mieux à partir de la quatrième étape, pouvant dès lors « enfin rouler plus vite ».

« Florian a un niveau en descente que peu de vététistes possèdent et est largement supérieur à moi dans ce domaine. En montée, par contre, j’arrive à le mettre derrière moi. Nous avons donc un niveau assez homogène : je prenais du temps sur la montée, il me rattrapait dans la descente et nous recommencions », analyse Jérôme. « Lors des étapes 5 et 6, nous avons super bien roulé. Il a commencé à pleuvoir et le sol est devenu fort boueux, ce qui est plus à notre avantage. »

Profitant d’un cadre exceptionnel, d’un parcours remarquable et d’une organisation réglée comme une montre suisse, les deux athlètes belges ont brillé, terminant à la 73e place dans leur catégorie sur un total de 750 équipes participantes, toutes catégories confondues. « J’ai connu des problèmes de transmission lors de la dernière étape, je n’avais plus la possibilité de changer de vitesse sur mon dérailleur électronique », rappelle Jérôme. « Florian a dû me pousser, j’ai couru à côté du vélo pendant dix kilomètres avant d’arriver au stand mécanique. » Et d’ajouter : « Sans mon début de course compliqué et les problèmes mécaniques rencontrés sur la fin, nous aurions pu être bien mieux classés dans cette course à étapes de VTT la plus difficile au monde. »

Un véritable tour de force pour ces deux gaillards qui, s’ils ont pu apprécier des paysages fantastiques, ont également dû mordre sur leur chique pour braver les difficultés. « La répétition des efforts était difficile d’autant plus que la récupération n’était pas idéale : lors des nuits en tente, il a fait très chaud. Nous avons aussi eu beaucoup de pluie et de vent, des tentes se sont même envolées lors de la dernière nuit », continue Jérôme. « L’assimilation de la nourriture locale et de la nutrition en course n’était pas non plus évidente. Nous tournions à plus ou moins 90 ou 100 grammes de glucides à l’heure. Au total, je dois avoir consommé environ 4,5 kilos de glucides en gel ! »

Loin d’être rassasié, Jérôme se projette déjà vers de nombreux autres défis qu’il aspire à relever, notamment un trail de 50 kilomètres à Samoens en juin ainsi que le triathlon XL de Gérardmer en septembre. « Pour l’année prochaine, avec Flo, nous n’avons pas encore décidé… Mais nous allons trouver », conclut-il dans un grand éclat de rires.

Thiebaut Colot

Plus d’infos : Absa Cape Epic | The Untamed African MTB Stage Race

Crédits photos : DR

Liège & Basketball