Pour #Liégeois / Liégeois Magazine, Delphine Thirifays, athlète liégeoise habituées aux retentissants exploits, analyse sa très réussie saison 2024-2025. Entretien.
Delphine, quel bilan général fais-tu de la saison écoulée ?
J’ai pu baliser le chemin d’une préparation sobre et enrichissante tout au long de ma saison. J’ai énormément appris cette année. Parfois, c’était dur, mais j’ai vécu bien plus de beaux moments que de mauvais. Je pars du principe que si mener une démarche de performance était facile, tout le monde le ferait. J’essaie de faire du mieux que je peux, mais quand on cherche à performer, on prend toujours le package complet : les hauts et les bas, les doutes et les émotions. Tout est plus intense, et c’est exactement ce que je suis venue chercher.
Cette année, j’ai été consistante dans mes résultats et je pense avoir débloqué un niveau dans cette quête de performance, ce qui est une fierté. (NB : Sur 8 objectifs internationaux dans 3 disciplines différentes, Delphine a réalisé 8 podiums.)
Pour mener à bien le bilan de la saison, je collabore avec des personnes qui travaillent dans l’ombre et qui me permettent d’être épanouie et performante. C’est un plus énorme de pouvoir s’appuyer sur des personnes compétentes. J’ai le sentiment d’avoir pu exploiter pleinement mon potentiel cette année.
Je suis perfectionniste, donc sur certains passages en compétition je me suis dit que j’aurais pu faire mieux… mais soyons honnête : j’aurais aussi pu faire beaucoup moins bien. J’ai quand même le sentiment qu’il sera difficile de réaliser une saison encore plus belle que celle que je viens de vivre en 2025.

Sur quelle épreuve t’es-tu le plus amusée ?
Je dirais que le Tour des Géants à Annecy, au mois d’août (300 km – 7 000 m D+), est vraiment une de mes courses de référence. J’ai senti que j’avais pu travailler certains points à l’entraînement, tout en ayant déjà deux autres ultras dans les jambes depuis le début de saison, et cela m’a permis de sortir un chrono vraiment solide sur cette distance.
J’ai dû batailler pour aller décrocher la victoire et j’ai eu l’impression de ne pas trop subir l’effort. J’ai vécu plus de moments de flow que de moments de down. (NB : Delphine termine 1re en Dames et 5e au classement scratch.)
Je commence doucement à trouver mes marques en ultra. Je suis consciente qu’il me reste pas mal d’aspects à travailler à l’entraînement pour évoluer, mais c’est très enrichissant d’acquérir de l’expérience en étant encore néophyte dans la discipline.
Que retiens-tu de ta troisième place à ton premier Everesting ?
J’ai pris cela comme une opportunité et une expérience incroyable : participer à un championnat du monde dans une deuxième discipline. C’était mon dernier objectif de la saison, je n’avais plus rien à perdre.
J’ai vraiment dû puiser loin dans l’effort et dans mes ressources pour aller au bout. La brutalité du parcours m’a percutée. Le défi des 150 ascensions de la Redoute en juin m’a permis de réaliser un gros cycle de préparation basé uniquement sur le dénivelé. Je pense que cela a été déterminant dans ma réussite de l’Everesting.
C’était ma toute première tentative pour être finisher. J’ai eu la crainte de m’être fixé un objectif trop ambitieux, mais au final, j’ai eu la satisfaction de l’atteindre.

Et que retiens-tu de ton retour en duathlon amateur ?
J’ai dû faire un travail sur moi-même, accompagnée d’un préparateur mental, pour accepter que je pouvais encore retirer quelque chose de favorable du duathlon de manière générale. C’était important pour être en accord avec cette décision : me réaligner dans une catégorie plus basse que celle que j’avais connue deux ans auparavant.
Cela m’a rappelé qu’au final, être élite ou amateur, ce n’est qu’un statut. Ce n’est pas parce qu’on est élite qu’on sort automatiquement une meilleure performance.
Autant sur middle distance que sur full distance, j’ai pu établir de nouveaux records personnels, battant les précédents de manière considérable. Je l’ai vécu comme un véritable aboutissement personnel. Je me suis sentie mieux armée et plus mature cette année pour aller chercher un nouveau record.
À chaque entraînement, chaque compétition, on construit quelque chose, même si ça ne se ressent pas toujours de manière significative. Le fait d’être passée par une année compliquée en 2023 faisait partie du cheminement. J’avais l’esprit revanchard, et ça a été une vraie délivrance de me rendre compte que j’étais encore capable de réaliser un meilleur chrono sur full distance.
Enfin, comment envisages-tu la suite ?
Avant tout, en m’accordant un long laps de temps pour me régénérer et récupérer de cette saison très intense. Je compte poursuivre dans l’ultra-distance. Le paradoxe de cette discipline, c’est de se préparer pendant plusieurs mois pour une seule échéance.
Avec mon entraîneur, on a pris le risque de miser sur un calendrier chargé en 2025. Je pense réduire un peu en 2026 afin de privilégier la qualité à la quantité, tout en continuant à cibler les deux disciplines (cyclisme et course à pied).
J’espère débuter ma préparation hivernale en janvier pour préparer au mieux mes futurs objectifs. Je m’alignerai en course quand je sentirai que je serai prête.
J’ai également l’intention de réaliser un nouveau challenge sportif au profit de la recherche contre le cancer au mois de juin.
Thiebaut Colot
Crédits photos : Violette Somme