Justine Wittner et Valentin Bourret, couple à la ville et à la vigne, ont fondé le Domaine La Rouge Jouvence. Portrait de passionnés présents à Liège pour la deuxième édition du Grand Salon des Vins du Rhône.
C’est sur les bancs de l’école que Justine Wittner et Valentin Bourret se sont rencontrés. Mais pas n’importe quelle école, non, l’école d’ingénieurs en viticulture et œnologie de Changins, en Suisse. « Comme les loyers là-bas étaient chers pour une étudiante, j’avais organisé une colocation et je cherchais un troisième colocataire. Valentin a répondu à l’annonce et c’est ainsi que tout a commencé », se souvient Justine qui précise ensuite son choix de s’expatrier en Suisse pour y étudier le vin. « En France, le diplôme national d’oenologie est surtout axé sur la vinification et donc principalement sur la chimie du vin et beaucoup moins sur la culture du raisin. Or, je me suis passionnée pour l’agriculture au sens large et c’était l’endroit idéal pour y développer diverses compétences. » D’autant plus que l’établissement de Changins se situe à parfaite équidistance de l’Alsace natale de Justine et de la Drôme de Valentin.
En 2020, fraîchement dîplomé, ce couple à la ville et à la vigne, décide de lancer son propre domaine vinicole baptisé le Domaine La Rouge Jouvence. « J’avais alors 23 ans et Valentin 26 et ‘jouvence’ rappelle notre jeunesse. Et la Fontaine de Jouvence est connue pour produire une eau miraculeuse qui permet de rester jeune éternellement. C’est un petit clin d’oeil à notre vin », m’explique Justine. « Rouge car je trouve poétique de placer l’adjectif avant le nom et parce que c’est une couleur forte et symbolique. Elle renvoie à l’amour qui nous unit avec Valentin, à la passion que nous avons pour la vigne et le vin et au sang car notre métier est ardu. D’autant qu’il fallait du courage pour se lancer si tôt à notre compte. »
Réussir dans la vigne est une tâche complexe. « Cela regroupe trois métiers différents : produire du raisin, faire du vin et vendre du vin », m’assurait ainsi récemment Olivier Bustin, Liégeois bien connu qui a fondé Le Domaine de l’Apothicaire dans le Languedoc. « C’est vrai et même plus car il faut aussi être soudeur, mécanicien et avoir encore tant d’autres cordes à son arc », reconnait Justine qui exploite seule avec Valentin dix-huit hectares dont 15,5 sont en fermage. La vie de vigneron dépend des saisons de l’année, certaines périodes étant davantage consacrées au travail de la vigne, d’autres à la vinification. « Il y a une franche humilité par rapport à la nature car c’est elle et les conditions climatiques qui sont la plus grosse contrainte. Ce sont eux les grands patrons (rires). »
Cette absence de journée type est une des raisons qui explique la passion que voue Justine à ce précieux nectar qui existe depuis l’Antiquité. « J’apprécie aussi beaucoup la dégustation. Nous avions des cours de dégustation à l’aveugle à l’école et c’était remarquable de constater à quel point le palais est un formidable outil qui, à force d’entrainement, permet de reconnaitre les différents vins avec une précision incroyable », continue-t-elle. « J’aime également associer le goût du vin et d’un terroir particulier. C’est toujours une jolie surprise de découvrir qu’une vigne qui pousse, par exemple, dans des cailloux et avec un ensoleillement maximal donne un vin bien différent que celui produit par des vignes abritées à l’ombre d’une forêt et implantées sur un sol plus argileux. Ce lien entre le produit final et sa localisation demeure remarquable. »
C’est au début de cette année que ce sympathique duo a vinifié son premier millésime 2021 et sorti ses premières bouteilles à travers une déclinaison de six cuvées : un blanc, un rosé et quatre rouges. « Un rouge primeur avec les premiers jus et un rouge par commune où nous avons des vignes », précise Justine qui profite de différents cépages – Grenache, Vionnier, Carignan, Syrah – dont certains assez atypiques comme le Cabernet franc et le Riesling. Le Millésime 2022 sortira lui en mars 2023, avec une cuvée supplémentaire de blanc. « Le vin blanc de la région a le vent en poupe. »
Le Domaine La Rouge Jouvence en est à sa deuxième année de conversion en bio. « En cave, nous essayons de vinifier avec le moins d’intrants possible et avec le plus de transparence », souligne cette vigneronne passionnée qui admet aisément que le temps file à vitesse grand V dans son job. Ce deuxième week-end de novembre, Justine a posé ses valises dans la Cité ardente pour participer au deuxième Grand Salon des Vins du Rhône qui se tient ce vendredi 11 novembre à l’Hôtel Van der Valk Congrès de Liège. C’est là l’occasion idéale pour les amateurs de découvrir les jolis jus et les beaux flacons de ce couple enthousiaste et de tailler une bavette avec Justine dont la passion pour sa noble profession transpire à chacune de ses interventions.
Thiebaut Colot
Infos supplémentaires Domaine La Rouge Jouvence | La Baume-de-Transit | Facebook
Crédit photos : Domaine La Rouge Jouvence