A partir du 13 février, Werther, drame lyrique de Jules Massenet mis en scène par le Liégeois Fabrice Murgia, sera joué à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège.
A la mi-mai, l’Opéra Royal de Wallonie-Liège dévoilera encore une nouvelle œuvre exceptionnelle : Werther. Ce drame lyrique de Jules Massenet est inspiré du roman épistolaire de Goethe Les souffrances du jeunes Werther, un ouvrage précurseur de romantisme allemand passé à la postérité. Créé en 1892 après un long processus de composition, cet opéra est l’une des œuvres les plus populaires de Jules Massenet et l’un des jalons du répertoire français.
Dans son roman, Goethe centrait principalement le propos sur Werther et la passion dévorante qui le conduira au suicide. Dans l’opéra de Massenet, le personnage de Charlotte hérite d’un rôle bien plus central et étoffé. Au-delà de l’histoire finalement assez commune d’un amour non partagé, cette œuvre aborde des thèmes aussi universels qu’intemporels : le conflit entre devoir et désir, l’impact profond que peuvent créer les émotions. Le compositeur Massenet propose dans Werther une musique expressive, accordant un rôle important aux leitmotivs qui soulignent la passion et l’effet déchirant qu’elle produit sur les protagonistes de l’intrigue.

Cela fait plus de deux décennies que l’ouvrage de Massenet n’a plus été présenté à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège. La dernière représentation date de 1999 ! Pour ce retour dans la Cité ardente, sous la direction de Giampaolo Bisanti, c’est le ténor Arturo Chacón-Cruz qui tiendra le rôle de Werther et la mezzo Clémentine Margaine qui incarnera Charlotte. La distribution est complétée par Elena Galitskaya, Ivan Thirion, Ugo Rabec, Pierre Derhet et Samuel Namotte.
La mise en scène a été confiée au Liégeois Fabrice Murgia – le frère de David – qui avait déjà signé celle d’Il Turco in Italia en 2022. Le Verviétois d’origine, qui fut également acteur, fait le choix d’explorer une approche teintée de réalisme historique dans sa mise en scène, sans pour autant exclure une résonance avec des enjeux contemporains. Fabrice Murgia, considérant que la manière dont l’opéra de Massenet traite les thèmes de la souffrance, de l’amour, de l’acception ou du rejet de la défaite et de l’amour impossibles sont ancrés dans une époque révolue et intimement liée au romantisme et au mouvement Sturm und Drang, a choisi de mettre en évidence l’universalité des émotions et des ressentis des personnage, renforcée par la musique elle-même. Petite touche d’originalité : l’usage de la vidéo – l’une des marottes du metteur en scène liégeois – qui servira à capturer la fureur de la nature, mêlant portraits et phénomènes naturels pour créer des images reflétant les tourments intérieurs des personnages. « La vidéo sera utilisée avec parcimonie, non pas pour introduire une technologie intrusive, mais pour plonger dans les intérieurs de Werther, capter ce qu’il y a d’indicible en lui », précise Fabrice Murgia.
Toute l’oeuvre de Jules Massenet tourne autour de la chose la plus important au monde – l’amour, of course ! – et toutes ses ramifications, effets et conséquences dans la manière de vivre cette passion… passionnément. « Mettre en scène Werther aujourd’hui ne signifie par le transposer dans notre époque mais interroger ce que son intensité amoureuse révèle sur l’ordre social qui l’entoure », explique Fabrice Murgia. « Ce qui m’intéresse ici, ce n’est pas tant l’histoire d’un amour impossible, mais l’impossibilité, pour les autres, de vivre avec lui. Werther est une figure qui perturbe l’équilibre d’un monde bien réglé, une force qui fait trembler les cadres, non seulement par sa passion démesurée, mais aussi par ce qu’elle impose aux autres. »
Une façon d’aborder l’oeuvre pour lui offrir une autre résonance, une autre perception, et ainsi assurer une version inédite. « Loin d’une simple illustration du romantisme, cette vision de Werther s’attache donc à son pouvoir de déstabilisation : une histoire où l’amour n’est pas seulement passion, mais aussi vertige, pression, onde de choc », conclut le metteur en scène liégeois. « Une histoire où l’impossible ne se joue pas seulement dans un amour contrarié, mais dans l’incapacité du monde à absorber l’existence même d’un être comme Werther. »
Un opéra à découvrir du 13 au 22 avril lors de cinq représentations qui devraient, sans nul doute, attirer encore un public nombreux et enthousiaste.
Thiebaut Colot
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Crédits photos : Opéra Royal de Wallonie-Liège