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« J’écris pour ne pas oublier et pour transmettre les émotions ressenties » 

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#Liégeois vous emmène à la rencontre de François Wautelet, auteur de nouvelles aussi appréciées qu’appréciables.

François Wautelet est un homme aux multiples facettes. Passé brièvement par l’enseignement après un master en histoire, ce trentenaire souriant et sensible a travaillé durant plus de cinq ans au sein d’une compagnie théâtrale. « Les arts vivants m’ont toujours intéressé et ce fut très stimulant de passer de l’autre côté de la barrière », confesse-t-il depuis son chalet wanzois. « Je jouais dans certains spectacles, m’occupais aussi de la régie, de la communication. Cela permettait de voir la réalité de chacun et de mieux comprendre l’ensemble, cela rend plus humble. » Un lieu idéal pour développer un éventail de compétences qui lui sont bien utiles en tant qu’actuel chargé de com’ du Centre Culturel de Wanze.

Si François a longtemps joué à La Bouffonnerie et au sein de la compagnie Sandra Proes dans des spectacles sur mesure prévus pour des lieux historiques, l’envie d’écrire s’est également rapidement manifestée. « J’ai commencé en troisième ou quatrième année secondaire, lorsque je m’ennuyais au cours d’anglais » , se rappelle-t-il. « J’écrivais de la poésie, aussi pour draguer. Mais cela ne marchait pas (rires). »

À l’université, celui qui vécut un temps à La Roche-en-Ardennes et Impasse de l’Ange à Liège, rejoint un groupe littéraire qui publie La dix-huitième épitaphe, une petite revue décortiquant un thème par mois. « La forme était libre et c’était un plaisir de se retrouver et d’écrire ensemble », continue-t-il. Toujours accompagné d’un carnet dans lequel il note les idées qui jaillissent au plus profond de son esprit, François se tourne au fil du temps vers la nouvelle. « Une forme plus technique que le roman », m’assure-t-il.

Pour François, l’inspiration est partout. Elle peut venir de faits divers qu’il découvre, de discussions à bâtons rompus avec des proches ou des gens de passage, d’anecdotes insignifiantes mais qui en disent long sur ce que nous sommes. Le lien entre tous les points de départ des histoires de cet auteur talentueux, ce sont les sentiments qu’ils ont suscités. « J’écris pour ne pas oublier et pour transmettre les émotions ressenties », me confie-t-il. « Ces moments d’écriture sont des moments pour moi, le soir, dans ma bulle et souvent en musique avec, par exemple, des bandes originales signées Hans Zimmer et Armand Amar. Ce sont des instants forts, qui me permettent de m’échapper du quotidien, de m’évader et de vivre d’autres vies. »

Sous d’apparentes histoires banales du quotidien, François explore des thématiques de société aussi profondes qu’essentielles : les fêlures de l’être-humain, le deuil, l’absence, l’amour. Ce passionné s’astreint d’abord à un travail de recherche – documentation et rencontres – sur le sujet abordé avant de prendre son temps pour façonner ses personnages et construire son récit. « Il faut rendre vivants les personnages, amener de la douceur et de la poésie mais aussi que les nouvelles débordent et prolongent la réflexion », me précise François qui n’élude pas le caractère parfois sociologique de sa démarche. « Il faut parvenir à emprisonner les émotions. »

Une manière de procéder qui a séduit de nombreux lecteurs, le premier recueil de François, Bagages Inconnus, ayant su trouver son public au point d’être réimprimé quatre fois ! « Les retours furent très positifs, ce qui est toujours agréable car on écrit pour être lu et qu’il est important de recevoir un feedback », poursuit-il. « Cela amène aussi une certaine humilité et une forme de fébrilité pour faire aussi bien par la suite. »

Pour son second ouvrage, Constellations d’un autre ciel, le Wanzois a encore fait le choix de l’autoédition. « Cela implique de croire encore davantage en ses rêves et de porter vraiment mon « bébé ». Cela force à se donner à fond pour que cela fonctionne tout en m’offrant une totale liberté : mon livre me ressemble à 100% », m’explique-t-il avec les yeux qui pétillent avant de détailler la naissance de son nouveau bouquin très réussi. « L’écriture est un exercice extrêmement solitaire mais le reste du processus est très collectif. J’avais mis en place un comité de lecture composé de différents profils et cela me fut hyper précieux. Ce fut le théâtre de débats enflammés et d’intéressants dialogues – le texte devenant ainsi vivant – qui m’aidèrent à mieux façonner mon recueil qui ressemble d’ailleurs un peu à un album avec un ordre et un fil conducteur. » Et d’ajouter : « La littérature tisse des liens, c’est une certitude. »

Occupé à battre le pavé et les salons pour faire découvrir sa nouvelle création, cet indécrottable amoureux des mots tente, à son humble niveau, de toucher à l’universel. « Et modestement, remettre la nouvelle au goût du jour est mon cheval de bataille », conclut-il avec un sourire évoquant des balades littéraires infinies.

Thiebaut Colot

Crédit photo : François Wautelet

La Maraudière