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« La culture et l’art aident à être en bonne santé »

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Ce lundi 27 mars marquait le lancement de la quatorzième édition d’Imagésanté. #Liégeois vous raconte la cérémonie d’ouverture de ce Festival dont la notoriété a depuis longtemps dépassé nos frontières.

Ils étaient nombreux à avoir bravé les « embarras de circulation » et avoir fait fi des difficultés de parking pour assister à la cérémonie d’ouverture d’Imagésanté. A peine sorti de table et malgré des douleurs à la voûte plantaire qu’il partagea avec le public, Philippe Reynaert endossait le costume de maître de cérémonie pour lancer cette nouvelle édition d’un Festival qui fêtera ses 30 ans en 2025, pour la quinzième édition. Après un dernier Festival uniquement digital à cause du Covid, la version 2023 joue sur les deux tableaux : présentiel et distanciel. Au programme : 22 films en compétition et souvent suivis de débats, 40 ateliers pédagogiques, 10 émissions en direct et 46 opérations diffusées en live et avec des interactions avec les spectateurs. « Moi qui ai vu plein de films d’horreur, je n’arrive toujours pas à regarder les opérations en direct », reconnait celui qui fut longtemps le spécialiste du cinéma en territoire francophone.

Depuis près de 30 ans, un solide partenariat lie Imagésanté et Les Grignoux. La première édition du Festival eut lieu en 1994 avant un changement de nom en 2004. « Une nouvelle appellation qui traduisait une volonté d’ouvrir ce Festival au grand public avec un objectif d’éducation à la santé », précise sur scène Philippe Kolh, Président du Festival tout droit revenu du Japon pour l’occasion. « Imagésanté est désormais sorti de l’adolescence et est dans l’âge adulte. » Cet évènement dont la notoriété dépasse nos frontières est rendu possible grâce aux étroites relations nouées avec le CHU, l’ULg, plusieurs partenaires privés et publics et l’ASBL Enjeu qui en assure l’organisation et le bon déroulement, comme toujours avec brio.

Pour cette mouture, pas moins de 350 films ont demandé à concourir. « Les 22 sélectionnés sont la crème de la crème », assure Philippe Reynaert alors que 10 000 spectateurs – dont 5000 étudiants – sont attendus aux diverses projections et animations qui rythmeront cette dernière semaine de mars et 120 000 connexions espérées sur la Web TV du Festival. Les 22 films en lice sont répartis en trois catégories : 10 œuvres pour la Compétition internationale dont le Jury est présidé par Frédéric Chaudier, 6 pour le prix « Soulever des montagnes » dont la présidente du Jury est la régionale Françoise Bonivert et 6 pour le trophée « Lever les tabous » dont le « boss » du Jury est Bernard Rentier. « Il n’est pas là donc je peux le dire : Bernard Rentier est une grande gueule qui n’a pas peur de l’ouvrir », plaisante l’animateur de cette cérémonie avant d’annoncer l’existence d’un quatrième Jury « transversal » qui évaluera 6 films – répartis dans les trois catégories principales – traitant de la santé mentale. « Il n’y a qu’à Liège que l’on peut voir ça », souligne Philippe Reynaert.

« La santé arrive en tête des préoccupations de la population »

Le Ministre Frédéric Daerden, l’Administrateur délégué du CHU Marc De Paoli, le Doyen de la fac de médecine de l’ULg Edouard Louis et Marina Libertiaux, la représentante du cabinet de Christie Morreale – « la Ministre est malade et alitée, le corps est une machine capricieuse », excuse cette ancienne infirmière – rejoignent alors Philippe Reynaert pour une séance de questions/réponses. Interrogé sur l’opposition entre la santé et la culture, Marc De Paoli confie se sentir comme un chef d’orchestre. « Cela me rapproche de la culture. Les hôpitaux et le secteur culturels ont d’ailleurs œuvré de concert pour aider et préserver la population durant la pandémie », affirme-t-il. « Le CHU a trois missions : les soins de santé, la recherche et l’enseignement. Dans ce cadre-là, il est logique de soutenir et porter Imagésanté. »

Edouard Louis rappelle, lui, que « la santé est le problème de tous et arrive en tête des préoccupations de la population »« La santé permet tout le reste et de réaliser sa vie. Il est essentiel que les étudiants s’ouvrent aux préoccupations des patients », explique-t-il avec élégance. « Imagésanté est une occasion unique pour nos étudiants de s’ouvrir au monde. La culture et l’art aident à être en bonne santé et sont primordiaux pour poser des questions qu’on ne saurait verbaliser. »

Questionnée sur l’évolution de la médecine, des soins de santé et les difficultés que traverse le secteur, Marina Libertiaux assure que le cabinet de Mme Morreale travaille à digitaliser la santé mais sans pour autant laisser au bord de la route ceux qui seraient impactés par la fracture numérique. « La durée de carrière d’une infirmière dans un hôpital était de sept ans lorsque je suis sortie de mes études, il est désormais de cinq ans. Ce Festival pourra peut-être susciter des vocations mais c’est réellement une problématique multifactorielle », déclare-t-elle. Constatant que de trop nombreux lits sont fermés dans de nombreuses structures par manque de personnel et craignant une pénurie des médecins dans cinq à dix ans, Marc De Paoli insiste sur la nécessité pour les hôpitaux de s’entendre sur les parcours de soins et sur celle de réattirer les infis qui ont quitté la profession. « Il y a déjà une pénurie dans le métier d’infirmier et il faut recentrer cette profession sur le patient. La digitalisation peut mener à une perte de sens et remettre les médecins et infirmiers au contact des patients en accentuant la dimension humaine est capitale », conclut Edouard Louis dont l’intervention fut chaudement applaudie.

« L’amour d’une mère est un amour inconditionnel »

Alors que les vannes du MC commencent à tomber à plat et que certains spectateurs attendent avec impatience la projection du film d’ouverture, c’est au tour de Frédéric Chaudier de monter sur scène. Arrivé en retard suite à un problème de Thalys – « l’Europe des transports n’est pas encore au point », plaisante-t-il -, le réalisateur français partageait sa joie d’être là avant d’évoquer son documentaire « (R)Evolution SIDA » dont la diffusion, hors compétition, est programmée ce mardi 28 mars. « Ce titre signifie que le VIH a contribué à ouvrir nombres de portes dans la recherche et dans la société mais qu’il y encore un sacré boulot à accomplir, des continents entiers demeurant en souffrance », détaille-t-il.

Après quelques derniers remerciements d’usage, le film « Pénélope my love » est projeté devant une assemblée ravie de découvrir ce long-métrage singulier. « Claire Doyon est une réalisatrice qui, lorsque sa fille a été diagnostiquée autiste, a lâché sa carrière mais pas sa caméra », contextualise, en guise de préambule, Philippe Reynaert. Une oeuvre émouvante, bouleversante, parfois choquante, parfois un peu trop contemplative mais d’une profonde tendresse, la voix off de Claire Doyon n’y étant pas étrangère. Pendant des années, elle a filmé sa fille Pénélope, atteinte du syndrome de Rett. « Le miracle, ce n’est pas quand quelque chose d’exceptionnel se produit, c’est quand tout va bien », définit-elle dans son film qui retrace ce qui s’apparente parfois à un véritable parcours du combattant. « L’amour d’une mère est un amour inconditionnel, débarrassé de toute attente et qui se vit dans l’instant. »

Alors que le générique de fin défile sur l’écran, les discussions vont bon train sur les images qui viennent d’être diffusées. Les plus courageux se dirigent vers le café Le Parc pour le cocktail d’ouverture tandis que les autres s’enfoncent dans la nuit noire pour regagner leurs pénates.

Informations et programme : Festival Imagesanté (imagesante.be)

La chaine YouTube d’Imagésanté : Festival Imagésanté – YouTube

Le Facebook du Festival : Festival Imagésanté | Liège | Facebook

Thiebaut Colot

Crédit photo : Bérénice Gillot

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