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« Je suis convaincue qu’un artiste est en constante évolution »

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#Liégeois vous emmène à la rencontre de JAZMYN, artiste talentueuse aux chansons envoûtantes qui sera sur la scène de l’Inkipit Festival ce 29 juillet.

Jasmine Ouattara est née, a grandi et vit à Bruxelles. « J’y suis toujours revenue, Bruxelles c’est la maison », m’assure celle qui, à 28 ans, a déjà pas mal bourlingué. En secondaire à l’Académie des Beaux-Arts, elle étudie la danse et le dessin. « Mais j’ai toujours chanté. Mon papa écoutait beaucoup de musique et m’emmenait souvent à des concerts », précise-t-elle.

Pour ses études supérieures, elle met le cap sur Londres d’abord, Anvers ensuite pour y étudier la musique et le chant. Comme Denai Moore ou les musiciens de Radiohead, Jasmine est, elle aussi, passée par les bancs de The Institute of Contemporary Music Performance. « Je me sentais à ma place », se souvient celle qui a toujours travaillé à côté et a ainsi pris le temps pour se lancer dans un projet solo : JAZMYN.

« Cela a toujours été assez naturel pour moi d’écrire des paroles de chansons mais il a fallu plus de temps pour que je puisse les mettre en musique », me confie-elle. « C’est en 2018 que j’ai vraiment commencé à écrire des chansons et c’est lié à la découverte d’un instrument, un Ukulélé noir acheté pour une bouchée de pain sur une brocante. Je me suis mise à composer dessus et cela m’est resté. J’ai depuis lors acquis un Ukulélé ténor, plus professionnel, qui me sert de base de travail. »

Jasmine assume être quelqu’un d’assez solitaire. « Mais la musique, c’est quelque chose de collectif », souligne-t-elle. C’est ainsi que naissent ses morceaux : elle écrit les paroles, une base d’accords et une mélodie et ensuite les musiciens qui collaborent avec elle – Florian Decembry à la guitare, Charline Flammang à la basse et le dernier arrivé Pierre Ferrand à la batterie – y apportent leur touche et leurs arrangements. « J’ai une vraie synergie avec mes musiciens. »

Une manière de procéder qui trouve son origine dans les fondements mêmes de ce qui fait avancer cette Bruxelloise au timbre de voix envoûtant – « lié à des années de cigarettes, peut-être ? » –, la volonté de construire quelque chose ensemble, avec ses partenaires et son public. « J’aime beaucoup la culture du live band, je prends bien moins de plaisir à chanter sur une bande son », m’explique Jasmine. « La scène est ce qu’il y a de plus important, et encore plus avec le genre de musique que je fais. Le live, c’est l’instant, la communication directe avec le public, l’échange, le partage. Cela s’apprend et mérite d’être travaillé. »

Certains spécialistes qualifient la production de JAZMYN de néo soul, un genre qui brasse large, entre le jazz, la soul, le R’n’B et le funk. « J’ai volontairement refusé de me mettre un style en tête pour ne pas me freiner mais j’ai logiquement appris à chanter avec ce que j’écoutais : du jazz traditionnel, du disco, du funk, du R’n’B. C’était donc naturel d’aller dans cette direction », nuance celle dont les origines – un papa malien, une maman belge – se retrouvent dans sa musique. « J’ai pris du temps à trouver et développer mon identité d’artiste et à affiner mon son. C’est encore un processus en cours, je suis toujours en train d’expérimenter différentes façons d’écrire, de composer, de chanter et de mixer. Je suis convaincue qu’un artiste est en constante évolution. »

Son inspiration, Jasmine la puise en elle. « Ma musique est peut-être très personnelle, en lien avec des expériences de vie mais je suis convaincue que le public peut s’approprier ces tranches de vie parfois un peu crues, ces sujets pas toujours hyper joyeux mais pas forcément traités négativement, et qu’ils peuvent faire écho à l’expérience et au vécu de chacun », avance-t-elle. « Je construis mes chansons autour du texte qui occupe une place centrale avec la volonté de raconter des histoires. »

Un goût pour les mots que cette artiste plus que prometteuse possède depuis toute petite. « Enfant, je lisais beaucoup, j’avais déjà très envie d’écrire, je faisais pas mal de théâtre », me confirme-t-elle. « Passionnée par Tennessee Williams dont je considère l’œuvre magistrale, notamment pour son analyse de la noirceur de l’âme, j’ai peut-être envie, à terme, d’expérimenter d’autres formes, d’écrire pour d’autres artistes et aussi en français. »

Mais pour l’instant, Jasmine est focus sur JAZMYN (son nom d’artiste) et s’est distinguée lors de la finale du Concours Circuit 2022, empochant de nombreux prix et la reconnaissance de tout un secteur. « Ce fut une très bonne expérience, un véritable accélérateur. Cela nous a remotivés mes musiciens et moi. Nous écrivions des chansons pendant le concours, réalisions de nouvelles compos, faisions de super rencontres », sourit mon interlocutrice. « Cela nous a apporté une vraie visibilité médiatique, des concerts et m’a permis de rencontrer ma bookeuse NAFF. J’ai pu jouer au Botanique, une scène mythique qui avait toujours été un rêve, ainsi que découvrir le Reflektor ou le KulturA à Liège. »

Un public liégeois qu’elle avait trouvé très chouette et accueillant et qu’elle va retrouver prochainement pour le Festival Inkipit, le 29 juillet à Crisnée« J’ai hâte, je suis certaine que nous allons passer un bon moment, ce qui est le plus important », s’impatiente-t-elle. « La programmation est diversifiée, avec un public sympa et une super ambiance. Une nouvelle expérience qu’il me tarde de découvrir. »

Quant à l’avenir, avec le talent et la passion qui l’animent, il s’annonce prometteur. « J’aspire à ce que le projet continue de grandir et à prendre du plaisir. J’espère pouvoir donner davantage de concerts et sortir un peu de Bruxelles. J’ai envie de découvrir d’autres villes, en Flandre, en Wallonie mais aussi en Europe, notamment aux Pays-Bas et en Angleterre où il y a une vraie culture du style de musique que je propose », conclut Jasmine avec un savoureux mélange de sincérité, d’enthousiasme et d’ambition.

Pour suivre JAZMYN sur Insta et Facebook : https://www.instagram.com/___jazmyn_/?hl=fr , https://www.facebook.com/JAZMYN.o/

Thiebaut Colot

Crédits photos : JAZMYN

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