#Liégeois — Magazine de référence pour la Province de Liège
Nous sommes le 3 Mai 2024, il est 3:57am
«

« C’était la première et dernière fois que je me présente aux Magritte »

À la une News

Le palmarès des Magritte du Cinéma a fait réagir Baloji, le réalisateur d’Augure.

Avec pas moins de treize nominations pour son film Augure, déjà plébiscité à Cannes, Baloji était le grand favoris des derniers Magritte du Cinéma. Une cérémonie qui a finalement vu le film Dalva rafler les principaux prix, Augure récoltant cinq trophées, quatre d’ordre technique et celui du meilleur second rôle féminin. Un palmarès qui n’a pas manqué de faire réagir le réalisateur liégeois qui s’est fendu d’un long communiqué sur les réseaux sociaux.

« Bravo aux lauréats des Magritte du Cinéma, particulièrement Yves-Marie Gnahoua, première femme noire à remporter (ex-aequo) le prix de la meilleure comédienne dans un second rôle. Pour ma part, je prends acte de l’avis de la grande famille du Cinéma Belge francophone qui considère AUGURE comme un film d’art, mais pas comme un film de fiction cinématographique. Elle récompense ses qualités techniques pour dire que mon incompétence a été palliée par les fantastiques professionnels que sont Eve Martin, Joachim Philippe, Elke Hoste et leurs équipes. Les votants du cinéma belge francophone s’adressent à moi en disant que je ne suis pas de leur monde donc je prends acte. Les éléments factuels de la carrière du film (récompenses / ventes / entrées) ont exceptionnellement été ignorés donc il me semble évident que l’enjeu est ailleurs. Apparemment, j’appartiens au monde du costume, au monde de la musique et du divertissement (le prix de la musique revient collectivement à Lisa Van der Aa et Jussi De Nys et non à moi seul). J’ai compris votre message », écrit Baloji. « C’était la première et dernière fois que je me présente aux Magritte, car je refuse de jouer leur jeu de la diversité, de l’inclusivité, du tokénisme noir dans le quota de minorité ethnique, car clairement nous n’avons pas de place dans le cinéma belge ailleurs que dans la figuration. Se défaire de la charge raciale, c’est décider que mon sentiment de légitimité ne passera plus par votre reconnaissance. Je salue la réalisatrice du film Dalva dont je n’ai pas vu l’oeuvre plébiscitée par ses pairs, mais je ne doute pas que ce soit un film exceptionnel. Je salue tous les gens qui vont penser que c’est un post de mauvais perdant et tous ceux qui comprennent que se taire, c’est faire le jeu du copinage, de l’entre-soi et du mépris de classe. Fermer la porte à d’autres regards, à d’autres voix, c’est oublier que si on pense tous la même chose, on ne pense plus rien. Je félicite nos équipes et Wrong Men pour leur travail acharné sur ce film et les autres (Valentina Maurel, Claude Schmitz,…) et je remercie encore les gens qui sont venus nombreux voir AUGURE en salles, votre soutien est précieux. » Et de conclure : « On se voit pour le prochain film ! »

LM

Crédit visuel : DR

La Maraudière