Prévu ce dimanche à 13h02, le départ de la Route du Rhum est post-posé de quelques jours à cause de conditions météorologiques particulièrement dangereuses. Une décision saluée par l’ensemble des participants à cette mythique transatlantique en solitaire dont nos deux compatriotes Jonas Gerckens et Gilles Buekenhout.
Ce dimanche, Gilles Buekenhout, Jonas Gerckens et les 136 autres skippers devaient quitter Saint-Malo pour se lancer à l’assaut de l’Atlantique. Un départ que nos deux compatriotes et leurs concurrents savait musclé, tant les conditions météos s’annonçaient dantesques. « La météo sera hardcore, nous irons au carton », me confiait, jeudi, Gilles à bord de son superbe trimaran « Jess ». « La dépression est très large, cela va secouer. » Une impression que me confirmait Jonas Gerckens le même jour depuis son Volvo164. « Les trois ou quatre premiers jours seront cruciaux », ajoutait le plus Breton des Liégeois. « Il faudra être vigilant dès le début et mesurer la prise de risques. »
Au fil des jours, les données météos confirmèrent ce scénario, l’aggravant même au point que ce samedi matin, la direction de la course prenait la décision de reporter le départ de quelques jours. « A l’occasion du briefing météo de 10h30 ce samedi 5 novembre, la direction de course a annoncé aux 138 skippers sa décision de décaler le départ de la course compte tenu de la situation météo attendue en Manche sur les 36 premières heures de la course. Une décision confirmée notamment par le passage d’une très violente dépression, accompagnée d’une mer très forte barrant la route dès la première nuit et ne laissant aucune échappatoire aux marins pour sortir de la Manche. Après consultation des prévisionnistes de Météo Consult, OC Sport Pen Duick, l’organisateur de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, et son Directeur de Course Francis Le Goff, ont donc décidé de décaler le départ de la 12e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, en attendant de trouver une prochaine fenêtre plus favorable pour un nouveau départ mardi 8 novembre ou mercredi 9 novembre », expliquaient les organisateurs de l’épreuve dans un communiqué. « Donner un départ dimanche dans 20 à 25 noeuds de vent d’Ouest, était envisageable. Mais les derniers bulletins météo précis à 48 heures ont montré que les conditions étaient beaucoup plus dures qu’envisagées initialement, et ce dès les premières heures de course. En cause, le passage d’un front froid très actif avec des vents moyens de l’ordre de 40 noeuds et rafales supérieures à 50 nœuds, s’accompagnant d’une très forte houle soulevée par la tempête tropicale Martin. 7 mètres de creux sont prévus en Manche dès lundi. C’est en particulier le timing du passage de ce phénomène qui rend la situation plus complexe encore, ne laissant aucune route alternative pour s’échapper au sud en sécurité. De nombreux skippers et leurs routeurs ont fait part ces dernières 24 heures de leur inquiétude quant à la situation qu’ils jugeaient très sérieuse. Une décision prise en intégrant l’ensemble des critères de l’épreuve, au premier rang desquels figure la sécurité des marins. »
Une « décision historique » selon Jonas Gerckens. « De réputation, la Route du Rhum part toujours dans les tempêtes automnales ou hivernales », rappelle-t-il sur les réseaux. « Mais le cumul des circonstances rendait dangereux voir très dangereux d’envoyer toute la flotte. » D’autant plus qu’en étant aussi près des côtes, les concurrents risquaient fort de n’avoir aucune échappatoire. « C’est une sage décision pour que le Rhum reste une course et pas une course de survie. » Une décision jugée également « sage » par Gilles dont ce sera la quatrième participation à cette mythique épreuve.
L’ensemble des participants n’a pas manqué de saluer l’option privilégiée par la direction de la course, une valse d’applaudissement venant saluer les précisions de Francis Le Goff. « C’est la sécurité des marins et de leurs bateaux qui a primé », a notamment déclaré le Directeur de Course ce samedi en conférence de presse. « Cette décision s’est imposée à nous et il s’agit d’une péripétie comme il en existe tant en course au large. La course sera magnifique, nous l’attendons depuis 4 ans. Nous saurons patienter 2 jours supplémentaires », a ajouté Hervé Favre, président d’OC Sport Pen Duick.
« Je m’étais préparé à tout », précise Jonas. « Vu la situation, je me doutais qu’il existait un risque de report. Il va falloir rester focus sur la compétition, refaire des routages, réanalyser la météo. » Et de conclure, concernant le départ qui devrait avoir lieu mardi en soirée ou mercredi matin. « Il restera costaud avec des conditions fortes mais pas dans une situation catastrophique. »
Thiebaut Colot
Crédit photo : DR et A. C.