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« L’art urbain ne cesse de choquer, de provoquer, d’émouvoir »

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Ce sont les derniers jours pour profiter de l’excellente exposition consacrée au Street Art au Château de Waroux.

Peu me contrediront : les expositions au Château de Waroux valent toujours le déplacement. D’abord, il y a le cadre : implanté dans son écrin de verdure, le Château de Waroux doit son nom à la terrible guerre des Awans et des Waroux qui divisa la noblesse hesbignonne de 1298 à 1335. L’édifice actuel est d’origine médiévale mais connut bien des transformations au fil des ans et des propriétaires qui se sont succédés. Classé Patrimoine exceptionnel de Wallonie, le Château présente une architecture remarquable et unique en Europe et est depuis 2005 la propriété de la commune d’Ans qui positionne la superbe bâtisse comme un pôle culturel et touristique d’excellence en Pays de liège.

Depuis bien des années déjà, j’ai pris l’habitude de ne pas manquer les expositions temporaires qui investissent ce lieu séculaire. La dernière en date, qui se termine ce 23 avril et qui laissera sa place à l’exposition internationale « Hope & Optimism », est consacrée au Street Art. Comme toujours, à la beauté des lieux s’ajoute la chaleur de l’accueil, l’endroit étant également « dog friendly ». Sur deux étages, dans les superbes salles du Château, la modernité des œuvres accrochées tranche avec l’élégance classique de l’architecture des lieux, renforçant encore un sentiment diffus de sérénité et d’exclusivité.

Le calme absolu qui règne dans les alcôves du Château de Waroux invite à la découverte et à la détente. Si le Street Art a désormais sa place au musée, observer des œuvres conçues dans et pour l’espace urbain dans un cadre aussi prestigieux confère à l’ensemble un sentiment aussi surprenant que jouissif. Mouvement développé au siècle dernier, le Street Art, né aux Etats-Unis, se présente sous diverses formes – graffiti, pochoir, affiche ou pastel – et possède une valeur subversive. « Art vandale, porteur de messages et de revendications, l’art urbain ne cesse de choquer, de provoquer, d’émouvoir », assurent les organisteurs de l’évènement. « Considéré encore dans l’inconscient collectif comme un art illégal et contestataire, le Street Art permet de diffuser un message sans autorisation et d’instaurer un dialogue au cœur des cités. »

A Waroux, tous les plus grands sont convoqués. L’immense Jean-Michel Basquiat, les précurseurs Keith Haring, Blade One, Cool Earl, Toxic et Taki 183, les Français Blek Le Rat et Jonone, les Liégeois Noir Artist, le célèbre Obey et, évidemment, le contemporain et archi connu Banksy. Multipliant les supports, les techniques et les sujets, ces différents artistes ont permis au Street Art et à ses différents courants d’obtenir leurs lettres de noblesse. Au fil du parcours, on s’émerveille, on s’interroge, on se cultive et le débat s’installe, preuve s’il en est de la pertinence d’accorder un tel espace à un art peut-être encore trop considéré comme marginal par les puristes.

Une fois de plus, le Château de Waroux a réussi son pari : cultiver et divertir, interroger les consciences et susciter des émotions. Vivement la prochaine expo alors que prochainement, un petit espace brasserie devrait voir les jour sur le site, permettant de profiter encore davantage d’une escapade à Ans.

Plus d’infos : Château de Waroux — Ville de Ans (chateau-waroux.be)

Thiebaut Colot

Crédits photos : Sable

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