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« Une saison réussie »

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A l’approche de la Saint-Sylvestre, Delphine Thirifays, athlète émérite, fait le bilan sportif d’une année marquée par de nouveaux records et victoires.

Delphine, quel bilan sportif peux-tu établir en cette fin d’année ?

Je dresse un bilan plutôt positif de l’année écoulée. J’ai repris du plaisir en m’alignant en compétition, là où l’année précédente j’avais fait l’erreur de vouloir uniquement me focaliser sur la performance finale. Remporter la Race Across Paris dès ma première course de la saison m’a aidé à me remettre dans un mindset favorable pour la suite.

Quelle fut ta plus grande satisfaction enregistrée ces douze derniers mois ?

C’est d’avoir pu acquérir de l’expérience en ultra distance en vélo et en trail longue distance. J’ai réalisé – et de loin ! – ma saison la plus chargée au niveau du calendrier et j’ai réussi à être constante et à jouer le haut du classement sur pas mal d’épreuves.

Le sport de haut niveau comporte aussi son lot de déceptions. En as-tu connues ?

Lors de ma dernière course de la saison, j’ai dû abandonner. J’ai vécu comme un échec de ne pas avoir réussi à aller au bout. Toutefois, cela fait partie du processus d’apprentissage. Mais en dix ans de course à pied, c’est la première fois que j’abandonne et je le vis comme une défaite.

Tu as brillé sur différentes épreuves. Tu as notamment remporté le Marathon des Fagnes moins de deux semaines avant le Tour du Mont Blanc. Cela démontre ta polyvalence ?

C’était audacieux de vouloir enchainer les deux courses. Mon entraineur m’avait demandé de sélectionner mon objectif prioritaire et je lui avais répondu : les deux ! Trois jours après le Marathon des Fagnes, j’étais déjà repartie pour une sortie d’entrainement de 230 kilomètres. Je n’avais alors pas du tout récupéré du marathon, c’était brutal pour l’organisme et j’ai vraiment eu la crainte de basculer sur un entrainement. Cependant, j’ai pu aborder le Tour du Mont Blanc avec sérénité. Je venais de réaliser le meilleur début de saison de ma carrière et j’y allais avant tout avec l’objectif d’être finisher. Il faut dire que rien que les chiffres annoncés ont de quoi effrayer les plus courageux : 330 kilomètres et 8800 mètres de dénivelé ! J’ai finalement réussi à réaliser une performance supérieure à celle que j’espérais. Ce fut une grande satisfaction d’accrocher ces deux courses à mon palmarès.

En quoi le soutien de ton staff et de tes partenaires est-il essentiel dans ta réussite sportive ?

C’est une vraie plus-value de collaborer avec des personnes compétentes dans leur domaine et en qui j’ai entièrement confiance. Chaque membre de mon staff a vraiment réussi à m’apporter quelque chose au cours de la saison. J’ai changé d’entraineur au mois d’avril, travaillant avec Geoffrey Vickevorst, et ce fut un élément très positif et décisif, contribuant à la réussite de cette saison. Concernant le soutien des autorités, il me semble qu’il faut se qualifier pour Roland-Garros afin de recevoir un peu de considération… J’ai la chance d’avoir un soutien financier de Point Chaud avec qui je viens de prolonger pour deux ans. Je crois qu’en Belgique, pour être athlète, il faut avant tout être motivé par son sport et avoir un minimum de discipline sous peine d’être rapidement dégoûté. A titre d’exemple, plus de la moitié de mon salaire passe en frais d’inscriptions et de déplacement aux compétitions.

Quelles personnes que tu côtoies au quotidien sont des sources d’inspiration pour toi ?

Il y a Maureen Kramer qui était une athlète de courses demi-fond et qui est devenue athlète de fond. En 2019, en sortant du bloc opératoire, on lui a affirmé qu’elle n’allait plus jamais pouvoir courir. Aujourd’hui, elle vise une qualification aux championnats d’Europe. Sa résilience et son implication à l’entrainement sont une source d’admiration. Nous avons l’occasion de nous voir quelques fois par an, nous avons toujours eu beaucoup de respect l’une envers l’autre. Il y a aussi Donatienne Geron, médecin du sport et ancienne athlète de haut niveau en gymnastique rythmique dont la carrière force l’admiration. C’est quelqu’un qui comprend qu’on ne compte pas ses heures d’entrainement quand on est passionné. Elle a toujours veillé à ce que je sois stoppée le moins longtemps possible à mon meilleur niveau rapidement. Il y a également Anne-Aymone Maraite qui fut ma prof et promotrice durant mes études. Par après, nous sommes devenues collègues. C’est une personne qui m’a beaucoup apporté dans ma vie professionnelle, qui m’a vu grandir et qui m’a suivi durant toutes les étapes de mon parcours.

En 2024, tu as établi deux records dans la Redoute. Aspires-tu à faire encore mieux en 2025 ?

J’ai quand même bien morflé en bouclant les quarante ascensions, ça m’a calmée (rires). Je souhaite réaliser un jour un Everesting et, à mon avis, j’irai le faire dans la Redoute car ça reste une côte mythique et un lieu où j’ai déjà passé de nombreuses heures d’entrainement et de souffrance. J’ai d’ailleurs le projet de refaire un challenge là-bas.

Thiebaut Colot

Crédits photos : DR

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