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« J’ai hâte d’arriver »

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C’est la belle histoire belge de cette Route du Rhum. Gilles Buekenhout, victime d’une avarie juste avant le départ de la douzième édition de cette mythique transatlantique, fait la course en tête et est tout proche de rejoindre la Guadeloupe en pôle position, offrant à la Belgique son premier podium.

Jeudi 3 novembre, alors que tous superbes bateaux participants à la douzième édition de la Route du Rhum mouillaient dans le bassin de Saint-Malo, c’est non loin de là, sur un chantier naval, que je rencontrai Gilles Buekenhout. Cet architecte bruxellois ayant grandi en Afrique était occupé à réparer « Jess », son magnifique trimaran construit en Nouvelle-Calédonie. Cet amateur éclairé qui s’apprêtait à participer à son quatrième « Rhum » avait, lors de sa venue dans la Cité malouine, « rencontré » une cardinale ayant dérivé. Loin de se montrer abattu, Gilles se montrait au contraire optimiste.

Si les jours qui précédèrent le départ – finalement reporté du dimanche au mercredi – furent quelque peu perturbés pour cet amateur éclairé, une fois sur l’eau, Gilles et « Jess » firent rapidement des étincelles, étant constamment en tête ou parmi les hommes de tête en Rhum Multi, une catégorie dans laquelle sont pourtant engagés de fameux cadors tels Philippe Poupon, vainqueur en 1986, Marc Guillemot, troisième en 2014 et 2010 sur un Imoca et troisième du Vendée Globe en 2008, ou encore Roland Jourdain, double vainqueur du « Rhum » en 2006 et 2010 dans sa catégorie. « Je suis assez admiratif de ces skippers exceptionnels et c’est un honneur pour moi d’aller me « bagarrer » avec eux. Si je ne casse rien, j’ai peut-être une chance car j’ai pu encore constater à la Drheam Cup (ndlr : premier en 2018) que mon bateau allait vite », m’avait confié l’habitant de Pornichet.

Une prévision qui ne cessa de se vérifier au fil des jours et malgré des conditions de navigation parfois particulièrement compliquées. Alors qu’en 2018 et 2012, Gilles avaient dû abandonner suite à des soucis techniques, cette fois – touchons du bois – il réussit à passer entre les gouttes alors même que de nombreux bolides des mers subirent avaries et démâtages, damant le pion à ses adversaires les plus coriaces dont certains ont opté pour d’autres routes. Lundi, le Belge venait de passer sous les 1000 miles le séparant de la Guadeloupe, terre d’arrivée tant attendue après cette épreuve de force que constitue la traversée de l’Atlantique en solitaire. « Ça fait plaisir ! On a passé les deux-tiers de la course. On se retrouve dans des alizés un peu disparates par moment, avec parfois 9 nœuds de vent, parfois 18. C’est très aléatoire mais je n’ai pas eu encore de gros grains avec des averses. J’ai hâte d’arriver », confiait Gilles depuis son trimaran avec qui il a noué une relation fusionnelle.

Jamais un Belge n’a posé le pied sur le podium de la Route du Rhum, un exploit qu’effleure désormais du doigt notre compatriote, superbement encouragé sur les réseaux sociaux par Jonas Gerckens, candidat malheureux de cette édition. « Garde le cap Gilles », écrit le Liégeois sur la page de Gilles Buekenhout. « Je serai ton club belge, je te mettrai dans les candidats au marin belge de l’année. » Une magnifique solidarité entre deux aventuriers des temps modernes qui savent à quel point ne serait-ce que boucler la traversée constitue déjà un exploit.

Thiebaut Colot

Crédit photo : Jess – Gilles Buekenhout Facebook et Albert Colot

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