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« Le cinéma est une fenêtre sur l’âme »

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Déborah François est l’une des plus talentueuses actrices de sa génération depuis son entrée dans le milieu du septième art à seulement seize ans. #Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène à la rencontre de la comédienne liégeoise.

Elle est l’une des fiertés de Liège depuis qu’elle a conquis la Croisette et le grand public dans L’Enfant des frères Dardenne, Palme d’or à Cannes en 2005. « Liège, c’est toute mon enfance et mon adolescence, mon petit nid pour Noël et j’y reviens régulièrement pour voir ma famille », confie celle qui réside désormais outre-Quiévrain. Après avoir crevé l’écran dans le rôle de Sonia, la jeune comédienne a enchaîné les films, confirmant au fil des années un talent rare et une présence indéniable. Inoubliable dans les excellents Populaire et Le premier jour du reste de ta vie – avec lequel elle remporta en 2009 le César du meilleur espoir féminin – mais aussi dans London Nights, Les tribulations d’une caissièreFleur de tonnerre et Maestro, Déborah François, alternant cinéma d’auteur et œuvres plus grand public, s’est naturellement imposée comme l’une des plus talentueuses actrices de sa génération.

« J’ai toujours aimé jouer et j’ai toujours voulu en faire mon métier mais je n’avais pas forcément anticipé que j’y parviendrai », reconnaît celle qui a d’abord goûté au théâtre à l’école avant de suivre des cours à l’Académie Grétry. « L’art permet d’exprimer et de ressentir des émotions. J’aime profondément jouer car cela permet notamment de se rapprocher le plus possible d’une multitude de vies. »

Impossible pour Déborah de choisir un personnage en particulier dans sa riche filmographie. « J’ai gardé quelque chose de chacun d’eux, un objet, souvent un vêtement », avoue-t-elle. « Ce qui est bien, c’est que dans le métier d’actrice comme dans tous les métiers, on évolue. Mes personnages grandissent avec moi, les rôles qu’on me propose évoluent. » Et d’ajouter : « J’aime être surprise, les meilleurs rôles sont ceux que l’on n’attend pas. J’apprécie quand on m’emmène vers quelque chose que je ne peux qu’effleurer du doigt. J’affectionne également les univers très marqués, qui peuvent être sombres, forts ou tendres. »

Impossible de le nier, la Belgique est une terre de cinéma« J’aime beaucoup le cinéma belge, j’aimerais d’ailleurs qu’il m’appelle plus souvent », rigole Déborah. « Je trouve que ce qui se fait chez nous est intéressant. Pour un si petit territoire, il y a quand même beaucoup de talent(s) au mètre carré. »

Si jouer demeure une passion dévorante pour Déborah, d’autres envies germent. « J’ai envie de faire des choses différentes les unes des autres, de me diversifier. Peut-être cela vient-il avec la sagesse », sourit celle qui est passée derrière la caméra pour réaliser Mouton Noir. « Ce fut une très chouette expérience, cela m’a donné envie de revenir à la réalisation. » Elle a également épousé la fonction de scénariste pour Ma solitude a des ailes, une production Netflix.

Actrice, scénariste, réalisatrice, mais aussi cinéphile, évidemment, car la Liégeoise a toujours adoré le cinéma. « Le premier film que j’ai vu, c’était un Disney : La Belle et la Bête. Paradoxalement, je n’ai pas tout de suite associé le cinéma au fait de jouer, c’était plus inatteignable que la scène, une sorte de rêve », dévoile-t-elle. « Le cinéma, même si cela peut paraître bateau de l’exprimer ainsi, est une fenêtre sur le monde, sur l’âme. On y explore des sentiments que l’on n’explorera sans doute jamais dans sa propre vie. Cela peut aussi être un catalyseur et pousser à se questionner. »

Face à l’écran, Déborah l’assure : elle est bon public et apprécie différents genres tels la science-fiction, les thrillers, les films sombres. « Peut-être que les films qui sont certains de m’accrocher sont ceux qui se rapprochent de la satire ou de la critique sociétale. Dis ainsi, cela peut paraître rébarbatif mais ces films peuvent être terriblement drôles et incisifs », explique-t-elle. « Ces films, comme Thank you for smoking ou Don’t look up par exemple, peuvent croquer des détails de la société étant ainsi un peu les ‘Molière’ de notre époque. »

Chacun a sa définition d’un bon film. « Ce n’est pas évident car je peux aimer un film pour plein de raisons différentes », souligne cette passionnée. « Il faut toutefois qu’il y ait une mise en scène qui soit de qualité tout en servant l’histoire, le propos. Ce qui n’est pas toujours facile à réaliser. »

Le dix mars aura lieu à Los Angeles la nonante-sixième édition de la cérémonie des Césars. Une soirée retransmise en direct sur Pickx+ dans une émission spéciale présentée par Sandy Heribert et Patrick Ridremont pour laquelle Déborah jouera, en compagnie de Jessica Matthys, Akim Omiri et Frédéric Seront, un rôle inédit : celui de chroniqueuse. « Je participerai à ce programme car je trouve passionnant de pouvoir parler des films qui sont en compétition. Il y a de nombreux longs-métrages de qualité et j’espère que nous pourrons donner envie aux téléspectateurs de les regarder », déclare-t-elle, occupée à enchaîner le visionnage des oeuvres en compétition. « Je ne vais pas aller contre les pronostics car j’ai adoré Oppenheimer. J’espère cependant que le focus ne sera pas mis que sur un seul film tant plusieurs méritent de recevoir au moins une statuette. American Fiction est intéressant même si la réalisation est plus classique, Anatomie d’une chute est un vrai grand film et je me réjouis de regarder Poor Things car j’adore Emma Stone, Mark Ruffalo et Willem Dafoe. Il faudra aussi surveiller Winter Break. »

Guère de répit d’ailleurs pour cette figure incontournable des salles obscures puisque dès le lendemain de la remise des prix, elle sera au Festival International du Film de Mons pour y présenter en avant-première Pauline grandeur nature, une production belgo-suisse dans laquelle elle tient le premier rôle.

Pour (re)découvrir le portrait de Jessica Matthys et ses pronostics pour les Oscars : « Hollywood qui rencontrera la petite Belgique » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)

Pour (re)découvrir le portrait d’Akim Omiri et ses pronostics pour les Oscars : « Déjà gamin, je faisais rire mes camarades de classe » — #Liégeois (liegeois-magazine.be)

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Thiebaut Colot

Crédits photo / visuel : Déborah François Facebook / DR

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