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« C’est le travail qui permet de réussir dans la durée »

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#Liégeois / Liégeois Magazine vous emmène à la rencontre de Kevin Tumba, l’un des meilleurs basketteurs belges en activité, taulier des Belgian Lions et incontournable dans la raquette de RSW Liège Basket.

À trente-trois ans, Kevin Tumba fait partie des meilleurs basketteurs belges en activité. Pourtant, ce papa de deux petites filles a commencé le basket-ball sur le tard, à seize ans, dans un petit club de La Louvière. « Je faisais du foot et ma maman m’a inscrit au basket car elle trouvait que j’étais trop grand pour arpenter les pelouses », se souvient-il. « J’ai directement accroché avec ce sport qui avait l’avantage de se pratiquer à l’intérieur. Il y faisait moins froid que sur un terrain de football (rires). »

Trois ans plus tard, repéré par le club de Mons-Hainaut, le jeune intérieur passe un test – qu’il réussit – pour intégrer le centre de formation des Borains. Mais à l’époque, étudiant en ingénieur de gestion à l’Université de Mons, il n’imagine pas un seul instant devenir basketteur professionnel. « C’est Willy Moulin qui, le premier, m’a demandé de réfléchir à cette orientation. Moi, je me destinais à de longues études et à devenir, peut-être, analyste financier », confie Kevin. Les dirigeants montois lui proposent un premier contrat pro. « Comme je suis croyant, j’ai beaucoup prié pour savoir quelle décision prendre, j’ai longuement réfléchi et j’ai décidé de me lancer dans ce nouveau challenge. »

Le chemin fut pourtant ardu mais Kevin s’est accroché. « La première saison, je n’ai joué que quatre minutes en D1, contre… Liège », se rappelle-t-il. « Ce fut une saison très difficile car comme je jouais aussi en D2, j’avais parfois trois entraînements par jour. Mais je me suis accroché et j’ai bossé dur. J’ai arrêté mes études pour pouvoir me donner à fond. Je m’étais donné cinq ans pour percer. »

Force est de constater que l’éclosion de ce pilier de notre équipe nationale fut plus rapide. La saison suivante, il prend la direction des Bears de Louvain – avant de jouer deux saisons pour le Spirou de Charleroi – et s’impose rapidement comme l’un des meilleurs pivots de la compétition. Au point de rejoindre Murcie et la prestigieuse Liga ACB en 2017. Une splendide trajectoire qui ne doit rien au hasard tant le travail est une valeur fondamentale pour Kevin. « C’est évidemment le plus important. Peu importe le talent, il faut travailler dur pour le concrétiser, sous peine de n’être qu’une étoile filante. C’est le travail qui permet de réussir dans la durée », assure-t-il. « La vie de basketteur professionnel demande beaucoup de sacrifices. Quand tu es à l’étranger, tu vois beaucoup moins tes proches. Il faut faire attention à tout un tas de choses – l’alimentation ou le repos par exemple – pour être efficace. Être joueur professionnel ne se limite pas au parquet, tout ce qui est autour est hyper important. » Et d’ajouter : « Mais ce n’est pas du tout frustrant, cela fait partie du job et ne me pèse pas. J’ai la chance de bien gagner ma vie en faisant ce que j’aime et je suis bien conscient que d’autres personnes triment parfois bien plus dur pour gagner moins. Je ne suis vraiment pas à plaindre. »

En Espagne, comme d’autres illustres Belges tels Eric Stru elens, Jean-Marc Jaumin, Axel Hervelle, Sam Van Rossom, Maxime De Zeeuw ou encore Pierre-Antoine Gillet, Kevin se frotte à la crème de la crème dans ce qui est tout simplement la deuxième meilleure ligue nationale du monde après la NBA ! « Je suis resté cinq ans à Murcie et ce fut vraiment une super expérience à tous les niveaux. Là-bas, il faut constamment être au top physiquement et mentalement car aucun match n’est facile. C’est très compétitif », confirme-t-il. « Tactiquement, c’est vraiment un cran au-dessus, les temps de réaction sont aussi très rapides. Et au sein même de ton équipe, la compétition est très présente. Chaque effectif comporte quinze joueurs mais seulement douze peuvent être alignés sur la feuille de match. Il faut dès lors se donner à fond à chaque entraînement pour mériter sa place. »

Après la péninsule ibérique, Kevin goûtera ensuite au basket grec et français. « En Grèce, il y a une ferveur incroyable. Au retour d’une victoire au PAOK qui avait permis à mon équipe d’éviter la relégation, les supporters nous attendaient avec des fumigènes devant la salle à quatre heures du matin. Je n’avais jamais vu ça de ma vie », se remémore celui qui est considéré comme un défenseur d’exception. « Pour la défense comme pour l’attaque, ce sont les détails qui font la différence. En défense, il faut prendre les choses personnellement. Si quelqu’un parvient à scorer sur moi, cela m’énerve et je ne veux pas que cela arrive. J’essaye d’impliquer mes coéquipiers aussi, de leur transmettre cette mentalité. ».

Au cours de sa carrière, celui qui réside désormais à Anvers a côtoyé et affronté de nombreux joueurs et coachs talentueux. « Brad Oleson, par exemple, m’a beaucoup appris sur les lectures de jeu notamment. Comme coach, Ibon Navarro, avec qui nous avons atteint les demi-finales de la Champions League avec Murcie était un excellent entraîneur et aussi une très bonne personne, ce qui est rare dans ce business », mentionne-t-il. « Comme adversaire, c’est Zaza Pachulia (ndlr : qui a notamment joué en NBA) qui m’a le plus impressionné lorsque je l’ai affronté avec l’équipe nationale. Il faisait preuve d’une excellente lecture du jeu et savait parfaitement utiliser le positionnement de son défenseur pour prendre l’avantage et scorer. »

Parmi tous ses coéquipiers, un se détache : Loïc Scwhartz« C’est mon meilleur ami, nous avons commencé ensemble à Mons. Nous étions les deux jeunes pros qui ne jouaient pas beaucoup mais nous nous poussions l’un l’autre pour progresser. Nous arrivions une heure plus tôt avant l’entraînement pour réviser nos gammes, persuadés que le travail finirait par payer. Nous nous sommes tirés vers le haut », explique Kevin qui retrouve Loïc en équipe nationale. « Je fais partie des Belgian Lions depuis 2014, j’en suis à ma nonantième sélection et c’est une fierté énorme de représenter mon pays avec qui j’ai participé à trois Euros. »

Depuis plusieurs années maintenant, les Belgian Lions engrangent d’excellents résultats sur la scène continentale, comme en témoigne la très récente victoire contre la grande équipe d’Espagne. « Un gros travail est effectué et nous avons un super groupe où règne une bonne ambiance et une excellente mentalité », se félicite Kevin. « En équipe nationale, on s’en fiche de qui joue, des stats. Nous voulons juste donner le meilleur de nous-mêmes sur le terrain comme en dehors car nous ne sommes pas là pour nous, nous sommes là pour quelque chose de plus grand : représenter la nation. »

En décembre 2022, ce roi du contre fut le premier gros transfert belge de l’ère Cambo à RSW Liège Basket. « Je voulais quitter le Brussels et j’avais une proposition pour signer en Grèce mais cela coinçait au niveau familial. Les nouveaux dirigeants de Liège le savaient et m’ont présenté leur projet, la direction qu’ils souhaitaient impulser au club. Ils voulaient que j’apporte mon expérience et ma mentalité au groupe et m’ont assuré que j’étais une des pièces manquantes. La vision du Président Cambo m’a plu et j’ai pris ma décision en vingt-quatre heures », dévoile Kevin. « Je savais que cela ne serait pas facile au début car il devait y avoir une restructuration en profondeur et force est de constater qu’un gros boulot a été abattu. »

Cette saison, les Sang et Marine ont confirmé les espoirs entrevus lors du second tour de la saison précédente« Je suis très heureux de voir que le public revient petit à petit au Country Hall », confesse l’intérieur de RSW Liège Basket. « J’aime beaucoup notre groupe. Malgré quelques changements, la plupart des joueurs sont là depuis un an et demi. Il y a beaucoup de camaraderie et de solidarité dans cette équipe, nous rigolons bien ensemble. Et, c’est assez rare que pour être souligné, il n’y a que des bons gars dans cette team, que des chouettes mecs qui veulent bosser ensemble pour progresser. »

Une recette qui a permis aux Liégeois d’intégrer le Top 5 – et l’Elite Gold – de BNXT League et de se qualifier pour le Final Four de la ENBL. « Nous avons juste passé les étapes par lesquelles nous devions passer. Il reste encore beaucoup de boulot à accomplir, pour l’instant nous n’avons encore rien gagné de concret », tempère ce leader dans l’âme qui se montre ambitieux pour cette dernière partie de saison. « En tant que sportif, il faut toujours jouer pour gagner. Il ne faut craindre personne : chacun a deux bras et deux jambes. Peu importe l’adversaire, il faut conserver la même approche et chercher à gagner. »

Deux grosses échéances attendent les Principautaires : le Final Four de la Coupe d’Europe qui aura lieu au Danemark et, ensuite, les Playoffs de BNXT League. « En BNXT League, nous devons tenter de terminer la phase classique le plus haut possible dans le classement pour être en bonne position pour les Playoffs », avance Kevin. « Pour le Final Four, nous devrons aller au Danemark pour remporter le titre européen. J’ai déjà vécu un Final Four avec Murcie, je sais que nous n’aurons pas le droit à l’erreur. Il faudra y aller le couteau entre les dents et avec la farouche volonté de nous battre ensemble. »

Un discours de winnner qui fait du bien à entendre à Liège après plusieurs années de vache maigre et que Kevin répétera sans nul doute à ses coéquipiers à l’approche du grand rendez-vous. De quoi guider les Sang et Marine vers un exploit historique ? C’est ce que le monde du basket liégeois et belge appelle de ses vœux les plus… ardents.

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Thiebaut Colot

Crédits photos : Léa Collin, Denis Btds et Picha Creative

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